Ludmilla et son fils, Vladislav, sont reçus par Kirill, Kelly et Grisha, des membres de l’équipe de MSF, dans une station de métro de Kharkiv. Ukraine, 2022. © Adrienne Surprenant/MYOP
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Ukraine : les besoins médicaux et humanitaires restent plus urgents que jamais

Trois ans de guerre ont aggravé la crise médicale en Ukraine, entraînant une augmentation des traumatismes et un accès limité aux soins.

Trois ans après l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, les gens continuent de porter le fardeau des ravages de la guerre, comme en témoignent les vies perdues, les membres amputés et les maisons détruites. Depuis l’intensification du conflit armé qui avait commencé en 2014, les besoins médicaux et humanitaires qui en découlent sont plus flagrants que jamais. La pression sur les services médicaux ukrainiens n’a fait que s’accroître, exacerbée par les attaques fréquentes sur les hôpitaux, les ambulances et les structures médicales. 

Depuis 2022, Médecins Sans Frontières (MSF) a vu davantage de personnes souffrant de traumatismes liés à la guerre et nécessitant une réhabilitation précoce, comme la physiothérapie post-amputation. Nos équipes constatent également une augmentation du nombre de personnes ayant besoin d’un traitement pour un trouble de stress post-traumatique. Dans les zones proches des lignes de front, les bombardements quotidiens ont pour conséquence que certaines personnes dans des situations de vulnérabilité ont un accès extrêmement limité aux soins médicaux. Cela concerne notamment les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques.

« Même si la guerre prenait fin demain, des centaines de milliers de personnes auraient besoin de plusieurs années de physiothérapie ou de soutien psychologique pour soigner leur stress post-traumatique. Assurer ces soins nécessite un engagement humanitaire à long terme. »

Thomas Marchese, responsable des programmes de MSF en Ukraine

En 2024, la moitié des patientes et des patients du projet ont reçu un diagnostic de trouble de stress post-traumatique ou de dépression. Les besoins en matière de soutien à la santé mentale sont importants en Ukraine. Outre les centres de Tcherkassy et d’Odessa, MSF a mis en place un projet axé sur le trouble de stress post-traumatique à Vinnitsa.    

« La férocité de cette guerre n’a pas diminué et les besoins médicaux et humanitaires sont devenus encore plus complexes », déclare Thomas Marchese, responsable des programmes de MSF en Ukraine. « Même si la guerre prenait fin demain, des centaines de milliers de personnes auraient besoin de plusieurs années de physiothérapie ou de soutien psychologique pour soigner leur stress post-traumatique. Assurer ces soins nécessite un engagement humanitaire à long terme. » 

Aujourd’hui, le système de santé ukrainien est soumis à une pression immense. Il doit trouver un équilibre entre les interventions d’urgence et les besoins permanents des gens touchés par la guerre. Depuis trois ans, les attaques de drones et de missiles sont quotidiennes. Elles frappent parfois des villes situées à plus de 1 000 kilomètres de la ligne de front. Les structures et les systèmes médicaux ont dû s’adapter pour traiter les gens dans des bunkers ou des sous-sols, et faire face aux fréquentes coupures de courant dues aux attaques contre les infrastructures énergétiques.

« Tout le monde n’est pas en mesure de quitter son foyer et de recommencer une nouvelle vie. La poursuite des combats signifie que ces personnes sont souvent privées de soins médicaux, tout comme les équipes médicales de MSF sont parfois dans l’impossibilité de se rendre dans certaines zones en raison des bombardements incessants. »

Thomas Marchese, responsable des programmes de MSF en Ukraine
Inna Didych, physiothérapeute de MSF, travaille avec Andrii, un patient de 27 ans qui se prépare à recevoir une prothèse après avoir été blessé au combat sur le front. Ukraine, 2023. © Pavlo Sukhodolskyi/Voice of America

En réponse, MSF a mis en place des ambulances pour transférer les patientes et les patients des hôpitaux surchargés près de la ligne de front vers d’autres structures médicales situées en Ukraine centrale et occidentale. Au cours des trois dernières années, les ambulances de MSF ont transféré plus de 25 000 personnes, dont plus de la moitié souffraient de blessures causées par des traumatismes violents.  

En 2024, les équipes des cliniques mobiles et des ambulances de MSF qui travaillaient près des lignes de front ont constaté une augmentation significative des personnes souffrant de maladies chroniques, comme les problèmes cardiovasculaires, le diabète et le cancer. En 2023, ces cas représentaient 24 % de toutes les références. Ils sont passés à 33 % en 2024. Les bombardements réguliers et les frappes signifient toutefois que l’accès des équipes de MSF n’est pas garanti.  

Beaucoup de personnes souffrant de maladies chroniques sont âgées et moins mobiles. Dans certaines régions, les gens ont commencé à vivre dans leurs sous-sols ou dans des bunkers, en raison des bombardements intenses.  

« Pour certaines personnes en situation de grande vulnérabilité, déménager n’est pas une option », explique Thomas Marchese. « Tout le monde n’est pas en mesure de quitter son foyer et de recommencer une nouvelle vie. La poursuite des combats signifie que ces personnes sont souvent privées de soins médicaux, tout comme les équipes médicales de MSF sont parfois dans l’impossibilité de se rendre dans certaines zones en raison des bombardements incessants. »  

Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa quatrième année, les équipes de MSF sont témoins de l’aggravation quotidienne de la crise médicale et humanitaire. La force du système de santé ukrainien face à une violence extrême est évidente, mais le besoin de soins médicaux et de soutien en matière de santé mentale est plus grand que jamais. Même si la guerre prenait fin demain, les effets physiques et psychologiques à long terme sur les personnes persisteront, eux, pendant des années. Les infrastructures ukrainiennes ont également subi des dommages considérables, les hôpitaux ayant été directement attaqués. Des centaines de milliers de personnes auront besoin de soins, de réhabilitation et de thérapie pour soigner leurs traumatismes, et ce, bien après que la dernière bombe aura éclaté. MSF continue de travailler en Ukraine, près des lignes de front et plus loin, mais un soutien supplémentaire est nécessaire.