Ahmed Hassan, médecin à l’hôpital antituberculeux que soutient MSF, à Galkayo Nord, remet à Liban Noor Maadeys son traitement quotidien contre la tuberculose. Somalie, 2024. © Mohamed Ali Adan/MSF
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« Retrouver le chemin de l’espoir »

Que cela signifie être une personne atteinte de tuberculose en Somalie?

Liban Noor Maadeys

Mon nom est Liban, et je viens du village de Hilmo, dans la région de Galbuduud, en Somalie. Je n’aurais jamais imaginé me retrouver dans un hôpital, loin de chez moi, à lutter contre la tuberculose. Mais je suis là, et je veux raconter mon histoire. Vous dire comment cette maladie s’est immiscée dans ma vie, comment elle a tout changé et comment je retrouve peu à peu l’espoir.    

Tout a commencé par une douleur aiguë dans la poitrine, comme si quelque chose appuyait sur moi et refusait de me lâcher. Puis une toux incessante est apparue, me déchirant les poumons jour après jour. Je savais que quelque chose n’allait pas, alors je me suis rendu à l’hôpital. L’équipe médicale n’a pas perdu de temps. Ils m’ont fait une prise de sang et un rayon X pour comprendre ce qui se passait à l’intérieur de mon corps. Quand ils m’ont dit : « Liban, vous avez la tuberculose », ces mots m’ont frappé. J’étais dévasté. Le désespoir m’a envahi et je ne voyais aucun avenir. Je ne pouvais penser qu’à une chose : comment cela avait-il pu m’arriver?

Le traitement n’est pas facile. Chaque jour, je prends huit comprimés… Les doses du matin me font beaucoup souffrir.

Ce n’était pas ma première rencontre avec la tuberculose. Il y a quelque temps, j’avais pris des médicaments pendant six mois, avalant des comprimés tous les jours, convaincus d’avoir vaincu la maladie. Mais elle est revenue, tenace et inflexible. Cette nouvelle m’a bouleversé, sachant que je devais tout recommencer, mais je n’ai pas abandonné. Aujourd’hui, cela fait 40 jours que je suis un nouveau traitement et je sens qu’il fait effet. La douleur est moins intense, la toux s’est calmée et je commence à me sentir à nouveau moi-même.   

Quand j’ai annoncé la nouvelle à ma famille et à mon entourage, leurs visages ont sombré. Tout le monde était bouleversé, inquiet pour moi, et je détestais les voir ainsi. Le plus dur, c’était de ne plus pouvoir travailler. À Hilmo, j’avais une vie, un moyen de gagner ma vie, mais la tuberculose m’avait privé de toute mon énergie. Venir ici pour me faire soigner signifiait tout abandonner et me retrouver sans travail, sans argent pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. Au début, c’était comme un nuage noir qui planait au-dessus de nous. Mais lorsque le traitement a commencé à faire effet et mes proches ont vu mon état s’améliorer, leur inquiétude s’est transformée en espoir. Ce changement m’a encouragé à aller jusqu’au bout. 

Le traitement n’est pas facile. Chaque jour, je prends huit comprimés : trois le matin et cinq plus tard, après avoir mangé. Les doses du matin me font beaucoup souffrir.

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Je me sens faible, affamé, comme si mon corps avait du mal à suivre. J’ai mal à la poitrine et aux poumons, et je ressens une douleur tenace dans les articulations dont je n’arrive pas à me débarrasser. Heureusement, je ne vomis pas, mais les premières heures de la journée sont difficiles. Au fil des heures, je me sens mieux, plus fort, plus comme le Liban que j’étais avant. 

Une chose m’a surpris : les médicaments ont changé la couleur de mon urine et de mes selles. Au début, j’ai paniqué, pensant que quelque chose n’allait pas. Mais les médecins m’ont expliqué qu’il s’agissait simplement d’un effet secondaire, qu’il n’y avait pas à s’inquiéter. C’est étrange ce à quoi on s’habitue quand on se bat pour sa santé.

Ma famille, mes proches et les médecins ici m’ont encouragé.

Les douleurs articulaires m’accompagnent quotidiennement, mais ce n’est pas le seul obstacle. Être loin d’Hilmo, de mon village et de mon travail, a été l’une des choses les plus difficiles à vivre. Ici, je ne peux pas gagner ma vie. Je ne peux plus faire ce que je faisais avant. C’est comme si la tuberculose m’avait non seulement privé de mes forces, mais aussi de mes moyens de subsistance. C’est un lourd fardeau à porter. 

Mais je ne suis pas seul. Une organisation non gouvernementale m’a apporté un soutien financier pendant le mois où j’ai suivi mon traitement, ce qui m’a sauvé la vie. Ma famille, mes proches et les médecins ici m’ont encouragé, m’ont poussé à continuer à prendre mes médicaments, à tenir bon. Leur confiance en moi fait toute la différence, plus que ces gens ne le pensent.

Le bâtiment du laboratoire de l’hôpital antituberculeux que soutient MSF à Galkay North. Somalie, 2024. © Mohamed Ali Adan

Après 40 jours, je peux dire que je me sens beaucoup mieux. La douleur s’est atténuée, je retrouve peu à peu mon énergie et je recommence à imaginer un avenir. Ce n’est pas parfait, j’aimerais que le traitement me donne plus de forces et qu’une aide financière supplémentaire allège le fardeau, mais je suis reconnaissant du chemin parcouru.

Se concentrer sur la guérison 

Si la tuberculose vous touche, voici ce que je vous dirais : n’attendez pas. Commencez le traitement dès que possible. Et pendant le traitement, prenez soin de vous : reposez-vous, mangez bien, évitez le vent si possible. Évitez tout ce qui pourrait vous ralentir. C’est un parcours difficile, mais le traitement fonctionne si vous vous y tenez. J’en suis la preuve.    

Une fois le traitement terminé, je veux retourner travailler, gagner à nouveau ma vie, reconstruire ce que m’a pris la tuberculose. C’est mon projet, mon espoir. Je crois que la clé, c’est de suivre le traitement jusqu’au bout. C’est ce qui me fait tenir le coup. Si je pouvais demander quelque chose, ce serait plus d’énergie grâce à ces pilules et un peu plus de soutien pour me remettre sur pied. Mais pour l’instant, je me concentre sur ma guérison, un jour à la fois.