Depuis l’incursion qui s’est déroulée à Jénine du 28 août au 6 septembre, les équipes de MSF se rendent chaque semaine dans le camp pour rencontrer les gens, évaluer leur santé mentale et voir comment les soutenir davantage. Palestine, 2024. © Alexandre Marcou/MSF
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Palestine : intensification de la violence israélienne en Cisjordanie 

Ces dernières semaines, nous avons observé une escalade de violence extrême en Cisjordanie, en Palestine, en particulier à Jénine, Tulkarem et Tubas, depuis la mise en œuvre du cessez-le-feu à Gaza. Le 21 janvier, Israël a lancé une opération militaire appelée « Iron wall » (« mur de fer »). Celle-ci a tué au moins 50 Palestiniens et Palestiniennes, dont une fillette de deux ans. Elle a aussi déplacé de force 20 000 personnes résidant à Jénine et plus de 6 000  habitant à Tulkarem, et gravement endommagé de 150 à 180 maisons selon les estimations. Brice de la Vingne, coordonnateur de l’unité des urgences de Médecins Sans Frontières (MSF), fait le point sur la situation et sur la réponse de MSF.  

Quelle est la situation actuelle en Cisjordanie depuis le récent cessez-le-feu à Gaza?   

Depuis le dimanche 19 janvier et la mise en œuvre du cessez-le-feu à Gaza, nous avons observé une recrudescence des attaques violentes et des barrages dans toute la Cisjordanie. Le 21 janvier, l’armée israélienne a annoncé le début d’une opération appelée « Iron wall » (« mur de fer »), qui a commencé dans le camp pour personnes réfugiées de Jénine. Elle se poursuit depuis près de deux semaines et s’est étendue à la ville de Tulkarem, où de nombreuses frappes aériennes israéliennes ont été menées. Jusqu’à présent, l’opération a causé de graves dommages à 150 à 180 maisons, aux infrastructures de base en matière d’eau et d’énergie, au déplacement de 20 000 personnes et a fait plus de 50 morts, selon le ministère de la Santé.   

Parmi les victimes figurent trois infirmières et deux médecins, qui ont été blessés par des tirs israéliens à l’hôpital Khalil Suleiman de Jénine. Les forces israéliennes ont également tué un secouriste dans l’exercice de ses fonctions humanitaires et une fillette de deux ans lors d’un raid à Tulkarem.   

Cette situation survient après plus d’un mois d’opérations violentes menées par les autorités palestiniennes dans le camp de Jénine en décembre 2024, jusqu’à ce que l’opération militaire israélienne prenne le dessus. Or, la population de Jénine était déjà confrontée à des pénuries d’approvisionnements essentiels, telles que l’eau ou l’électricité.  

Comment cette situation affecte-t-elle les personnes de la région?   

De sévères restrictions de circulation sont imposées par les forces israéliennes à Jénine, mais aussi dans le reste de la Cisjordanie. Il s’agit de fermetures de routes, de retards prolongés aux points de contrôle et de l’installation de nouvelles barrières à l’entrée des villages. Chaque déplacement est compliqué, que ce soit pour aller travailler, rendre visite à des proches ou obtenir des soins médicaux.   

Selon les Nations Unies, 68 % des points de service de santé en Cisjordanie ne peuvent plus fonctionner plus de deux ou trois jours par semaine, et les hôpitaux ne sont en service qu’à 70 % de leur capacité.   

À Jénine et à Tulkarem, la situation est encore plus grave, car les gens manquent de nourriture, d’eau et de carburant en raison du blocus et des attaques récurrentes.   

Depuis le début de l’année 2025, les forces israéliennes ont tué 70 personnes en Cisjordanie, dont 38 dans le gouvernorat de Jénine.   

Quelle est la réponse actuelle de MSF?     

Nous soutenons l’hôpital Khalil Suleiman de Jénine en lui fournissant du carburant et de l’eau. Nous avons livré plus de 10 000 litres de carburant et plus de 800 000 litres d’eau pour permettre à l’établissement de fonctionner. Nous avons également apporté une aide humanitaire à Jénine et à Tulkarem sous forme de trousses d’hygiène de base, d’aliments et de matelas. À Tulkarem, à l’intérieur du camp, nous collaborons avec la Société du Croissant-Rouge palestinien. Nous pouvons ainsi soutenir les personnes vulnérables en leur distribuant du matériel médical, de l’eau potable, du pain et des couches pour les enfants.   

À Naplouse et à Hébron, où nos équipes travaillent aussi, nous avons dû réduire et adapter nos activités médicales en raison des restrictions de circulation. Cependant, malgré les restrictions de mouvements causées par l’insécurité, nous nous engageons à rester et à soutenir les personnes à travers la Cisjordanie.