Les équipes de MSF à Tubas collectent des dons de kits d’hygiène pour les communautés palestiniennes déplacées dans le camp d’Al-Fara, au nord de la Cisjordanie. Palestine, 2025. © Oday Alshobaki/MSF
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Palestine : conséquences dramatiques des déplacements massifs de personnes dans le nord de la Cisjordanie

Des dizaines de milliers de personnes sont confrontées à des conditions de vie désastreuses en raison des déplacements forcés par Israël

Médecins Sans Frontières (MSF) alerte que des dizaines de milliers de personnes déplacées dans le nord de la Cisjordanie, en Palestine, sont privées d’abris adéquats, de services essentiels et d’accès aux soins de santé.  

À la suite du cessez-le-feu de janvier 2025 à Gaza, Israël a lancé l’opération Iron Wall (« Mur de fer ») en Cisjordanie occupée. Cette opération militaire a forcé le déplacement de milliers de personnes, les laissant dans une situation extrêmement précaire. Israël doit immédiatement mettre un terme au déplacement forcé des communautés palestiniennes en Cisjordanie et permettre à l’assistance humanitaire d’atteindre les personnes qui en ont le plus besoin.  

« Des déplacements forcés et des destructions de camps d’une telle ampleur n’ont pas été observés depuis des décennies. Les gens ne peuvent pas rentrer chez eux, car les forces israéliennes ont bloqué l’accès aux camps, détruisant maisons et infrastructures. Les camps sont devenus un champ de ruines et de poussière », déclare Brice de la Vingne, directeur des opérations de MSF. « Israël doit mettre fin à cette situation et la réponse humanitaire doit être renforcée. » 

Lors d’une clinique mobile, les équipes de MSF offrent des consultations de soins de santé primaires aux personnes palestiniennes déplacées de force à Jénine, en Cisjordanie. Palestine, 2025. © Oday Alshobaki/MSF

« Le déplacement est une souffrance, une angoisse silencieuse, une douleur profonde pour tout le monde. Les gens ont les larmes aux yeux, mais ils les retiennent. » 

Issam, patient de MSF déplacé du camp de Nur Shams

Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, les forces israéliennes ont intensifié l’usage de la violence physique extrême contre les communautés palestiniennes en Cisjordanie occupée, comme le souligne MSF dans son rapport Inflicting harm and denying care. Au total, 930 personnes ont été tuées, dont 187 enfants, selon l’Organisation mondiale de la Santé. L’accès aux soins de santé est gravement entravé, comme le rapportent les équipes de MSF qui ont été témoins de l’oppression systématique exercée par Israël sur le personnel médical et les personnes que l’on soigne.  

La situation s’est détériorée davantage depuis le cessez-le-feu à Gaza et le début de l’opération israélienne Iron Wall (« Mur de fer »). Cette intervention militaire a effectivement vidé les trois principaux camps pour personnes réfugiées de Jénine, Tulkarem et Nur Shams au nord de la Cisjordanie. Elle a forcé le déplacement de plus de 40 000 personnes, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies.  

« L’armée [israélienne] a fait irruption chez nous et nous a ordonné d’évacuer. Nous n’avons rien pu emporter, pas même nos papiers. Tout ce que nous avons reçu, c’est un avertissement : « Sortez », explique Issam, 55 ans, patient de MSF déplacé du camp de Nur Shams. « Le déplacement est une souffrance, une angoisse silencieuse, une douleur profonde pour tout le monde. Les gens ont les larmes aux yeux, mais ils les retiennent. » 

La situation en matière de santé mentale est alarmante : de nombreuses personnes souffrent de stress, d’anxiété et de dépression en raison de la nature violente et imprévisible des incursions et des déplacements. « Les gens ignorent ce qui est arrivé à leurs maisons et ont subi d’immenses pertes, y compris leur sentiment d’utilité », explique Mohammad, 30 ans, éducateur en santé communautaire de MSF.  

« Des drones survolaient les maisons et ordonnaient aux gens de sortir. Ils détruisent toujours tout, mais rien de tel ne s’était jamais produit avant », explique Abdel, qui s’est réfugié au camp de Jénine.

Une médecin de MSF est en consultation avec un patient dans la clinique MSF de Jénine, au nord de la Cisjordanie. Palestine, 2025. © Oday Alshobaki/MSF

MSF apportait auparavant son soutien dans les trois camps, mais a dû adapter ses activités en raison des risques sécuritaires et des déplacements de personnes. Les équipes de MSF opèrent désormais des cliniques mobiles quotidiennes à Tulkarem et à Jénine pour fournir des soins médicaux aux personnes déplacées. Nos équipes assurent la prise en charge de maladies chroniques telles que le diabète et l’hypertension, qui se sont aggravées en raison du manque d’accès aux médicaments, ainsi que des infections respiratoires et des troubles ostéomusculaires.  

Les équipes de MSF distribuent également des kits d’hygiène et des colis alimentaires pour soutenir les gens qui ont été contraints de quitter leur domicile sans ressources ni effets personnels. MSF fournit de l’eau à l’hôpital Khalil Suleiman, le principal hôpital de Jénine, afin de pallier les fréquentes ruptures d’approvisionnement causées par les opérations militaires.  

MSF continue de répondre aux besoins urgents des personnes qui en ont le plus besoin. Mais l’ampleur des déplacements et l’aggravation de la crise humanitaire, dans un contexte de réponse internationale inadéquate, représentent un immense défi, et les besoins en Cisjordanie ne font que croître.