Les personnes rohingyas réfugiées vivent dans des camps surpeuplés à Cox’s Bazar. Bangladesh, 2024. © Yunus Ali Shamrat/MSF
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MSF demande un accès sans entrave à l’aide humanitaire, aux soins et à la protection pour toutes les personnes rohingyas réfugiées au Bangladesh 

Depuis le début de l’année, les personnes rohingyas réfugiées arrivent au Bangladesh après avoir fui la violence au Myanmar. Elles sont désormais confrontées à d’immenses défis, dont le surpeuplement, le manque d’accès aux services essentiels et la détérioration des conditions de santé mentale. Médecins Sans Frontières (MSF) demande aux autorités concernées d’accorder un accès libre et immédiat à l’aide humanitaire, aux soins et à la protection pour toutes les personnes rohingyas réfugiées.  

Des milliers d’entre elles sont arrivées au Bangladesh ces derniers mois, tandis que d’autres ont été repoussées ou détenues alors qu’elles tentaient de fuir le Myanmar. Les gens qui ont réussi à se rendre au Bangladesh ont décrit à nos équipes leurs terribles périples. Ainsi, ils ont souvent vu des proches mourir sous leurs yeux, dû vendre les biens qui leur restaient ou été contraints de contracter d’importantes dettes pour couvrir le voyage risqué. D’autres nous ont raconté comment ils ont désespérément essayé de traverser la frontière pour se mettre à l’abri – un exploit qui leur a parfois pris plusieurs jours. 

« Les gens nous ont dit qu’ils avaient peur de demander de l’aide, car cela pourrait les mettre en danger d’être exploités ou même renvoyés au Myanmar. »

Orla Murphy, directrice de projet de MSF au Bangladesh

Dans les camps de Cox’s Bazar, l’accès à la nourriture est un problème. Les gens qui y vivent déjà disent qu’ils partagent leurs rations alimentaires et leur espace avec les membres de leur famille nouvellement arrivés, qui n’ont pas accès à des services comme le logement, l’eau et les installations sanitaires. Les personnes récemment déplacées manquent aussi de protection contre les sévices, l’exploitation et la négligence, en particulier les filles, les garçons et les femmes.  

MSF a constaté, depuis juillet dernier, une augmentation du nombre d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition modérée et sévère. C’est surtout un problème pour les individus qui viennent d’arriver, car l’accès à la nourriture et aux soins de santé est presque inexistant au Myanmar. Le manque de ressources humanitaire a aussi gravement entravé la disponibilité des services essentiels, ce qui fait que les gens déplacés depuis peu obtiennent difficilement tous les services humanitaires. Si les efforts visant à rendre l’enregistrement possible pour les personnes rohingyas réfugiées sont cruciaux, les retards dans ce processus ne doivent pas empêcher l’accès à une attention immédiate.

Une femme et une fillette se dirigent vers la clinique Jamtoli de MSF à Cox’s Bazar. Bangladesh, 2024. © Yunus Ali Shamrat/MSF

Nos équipes soignent les personnes rohingyas nouvellement déplacées dans les camps, dont des gens gravement malades et d’autres souffrant de blessures causées par des obus de mortier et des tirs d’armes à feu.  

« Les gens nous ont dit qu’ils avaient peur de demander de l’aide, car cela pourrait les mettre en danger d’être exploités ou même renvoyés au Myanmar », explique Orla Murphy, directrice de projet de MSF au Bangladesh. « Nos équipes spécialisées en santé mentale, en particulier, voient comment les gens luttent contre la violence dont ils étaient témoins chez eux. Elles constatent aussi comment le manque d’accès aux services humanitaires disponibles a créé une incertitude qui exacerbe encore plus leur traumatisme. Nous voyons des Rohingyas nouvellement arrivés présenter des symptômes de stress, d’anxiété et de dépression », mentionne Orla Murphy.  

« Les bruits des combats violents qui résonnent encore depuis le Myanmar nous rappellent constamment la violence que nous avons fuie. Même à l’intérieur des camps, les tensions peuvent être élevées, et la crainte de nouvelles violences est omniprésente”, raconte Solim*, 21 ans, un réfugié rohingya. « J’ai échappé à la violence du Myanmar, mais je ne peux pas échapper à la peur. Mon cœur s’emballe à chaque bruit fort. » Solim est arrivé au Bangladesh en juillet, avec des blessures physiques et des troubles psychologiques dus à son voyage.  

Les autorités du Bangladesh se sont récemment engagées à répondre aux besoins les plus urgents des personnes réfugiées rohingyas dans les camps. Cependant, il faut faire immédiatement davantage pour que toutes celles arrivant dans le pays puissent bénéficier des services essentiels tels que la nourriture, l’eau, les abris, les soins de santé, l’éducation et la protection.  

MSF appelle à un accès sans entrave à l’aide humanitaire, aux soins et à la protection pour l’ensemble des personnes rohingyas réfugiées au Bangladesh. MSF demande aussi à toutes les autorités compétentes de veiller à ce que personne ne soit renvoyé dans un endroit où il pourrait subir de sévères préjudices. Le principe de « non-refoulement » est inscrit dans le droit international, interdisant le retour d’individus dans un pays où ils risquent d’être persécutés, torturés ou d’être victimes d’autres atteintes graves aux droits humains. 

*Nom modifié pour protéger la vie privée.