À Goma, dans la nuit du 4 et 5 avril 2025, des hommes armés du M23-AFC ont pénétré dans l’enceinte de l’hôpital de Kyeshero à la recherche de personnes anciennement combattantes qui s’y réfugiaient depuis plusieurs semaines. Au cours de cette offensive, une personne a été tuée, trois autres blessées, et deux membres du personnel en service ont été battus. Democratic Republic of Congo, 2025. © MSF
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Goma : MSF condamne la fusillade qui a causé un décès à l’hôpital de Kyeshero

L’augmentation des incidents violents en République démocratique du Congo affecte les services de santé et pourrait entraîner la fermeture de certaines installations.

Alors que le conflit fait rage dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), Médecins Sans Frontières (MSF) est témoin de la reprise d’incidents violents qui touchent les services de santé. Une fois de plus, nous condamnons l’usage d’armes à l’intérieur et autour des structures sanitaires.  

Le dernier incident en date a causé la mort d’une personne à l’hôpital de Kyeshero, à Goma, une structure privée liée au ministère de la Santé que soutient MSF.  

Dans la nuit du 4 au 5 avril 2025, une vingtaine d’hommes armés du M23-AFC sont entrés dans l’enceinte de l’hôpital à la recherche de personnes anciennement combattantes qui s’y réfugiaient depuis plusieurs semaines.  

Au cours de cette offensive, les membres de l’équipe de MSF qui soutient l’Unité de traitement nutritionnelle intensive ont été témoins de coups de feu tirés à l’extérieur de l’hôpital. Une personne a été tuée, trois autres blessées et deux membres du personnel de l’hôpital ont été violemment battus. Bien que les hommes armés ne soient pas entrés dans l’hôpital, des balles ont atterri dans l’enceinte. 

« L’usage de la force et des armes dans l’enceinte de l’hôpital de Kyeshero a transformé une structure médicale, censée demeurer en tout temps un lieu sûr, en une zone dangereuse où une personne a été tuée. Les tirs ont semé la peur et perturbé les services médicaux. Une balle a traversé une fenêtre et a atterri dans le matelas d’une personne hospitalisée. Ces événements sont inacceptables et ne doivent en aucun cas se répéter, ni à Goma ni ailleurs », explique Margot Grelet, coordonnatrice des urgences de MSF à Goma et au Nord-Kivu. 

Cet incident violent n’est pas un événement isolé, mais il reflète l’augmentation alarmante de la violence perpétrée par l’ensemble des parties au conflit en cours. Depuis le début de 2025, ces violences touchent les structures sanitaires et mettent en danger la vie des personnes à qui nous prêtons assistance et des membres du personnel hospitalier.  

En outre, les équipes de MSF ont été confrontées à une quinzaine d’incidents violents qui ont directement affecté les structures et les hôpitaux qu’elles soutiennent dans ces deux provinces de l’est de la RDC.  

L’un des derniers incidents tragiques s’est produit le 20 février à Masisi Centre, dans le Nord-Kivu. Lors des affrontements entre le VDP-Wazalendos et le M23-AFC, deux personnes ont été blessées par balle dans la base de MSF, dont Jerry Muhindo Kavali, un employé de MSF qui est décédé deux jours plus tard. Le 19 mars, un autre incident s’est produit à Walikale, à 150 kilomètres de Masisi. Lors d’affrontements entre les FARDC et le M23-AFC, des tirs croisés ont touché notre base et endommagé ses structures et quelques-uns de nos véhicules. 

Au Sud-Kivu, à la mi-février, l’hôpital général de référence d’Uvira s’est retrouvé pris dans des tirs croisés lors d’affrontements dans la ville, ce qui a mis en danger les personnes hospitalisées et les membres du personnel. Les activités médicales ont dû être interrompues et les gens ont dû se mettre à l’abri pour éviter d’être touchés. Des hommes armés avaient également pénétré dans l’hôpital et y tiraient des coups de feu. 

MSF réaffirme son engagement à fournir des soins médicaux aux côtés des services de santé locaux dans les provinces touchées par le conflit dans l’est de la RDC. Cependant, la fréquence et la gravité accrues de ces incidents mettent à rude épreuve notre capacité d’intervention et risquent d’entraîner la suspension de certains services.  

« Sans garanties minimales de sécurité, les membres du personnel soignant et les organisations humanitaires ne peuvent pas travailler. Ils ne doivent pas risquer leur vie pour continuer à fournir des soins essentiels. Nous demandons à toutes les parties concernées de préserver le caractère civil des structures de santé », ajoute Margot Grelet. 

À Goma, comme dans plusieurs localités du Nord et du Sud-Kivu, MSF soutient plusieurs structures de santé. Nous assurons les soins de santé primaires, secondaires, maternels et pédiatriques, le traitement du choléra et de la malnutrition, ainsi que la prise en charge des personnes ayant survécu à des violences sexuelles.  

MSF travaille à l’hôpital de Kyeshero à Goma depuis plusieurs années, notamment dans la prise en charge des cas de malnutrition. Au début de 2025, les équipes de MSF ont également fourni des soins à des personnes blessées lors des affrontements dans les hôpitaux de Kyeshero et de Virunga, à Goma, ainsi qu’à l’hôpital général de référence de Minova et au centre hospitalier de Numbi, au Sud-Kivu.