Nadia Abo Malloh, coordonnatrice médicale de MSF, marche dans les ruines de la ville de Rafah. Palestine, 2025. © MSF
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Gaza, ville de Rafah : la destruction massive et les traces du conflit empêchent les gens de rentrer chez eux en toute sécurité 

Depuis la mise en œuvre du cessez-le-feu le 19 janvier 2025, après 15 mois de guerre d’Israël contre Gaza, en Palestine, les personnes déplacées tentent de rentrer chez elles dans la ville méridionale de Rafah. Selon les Nations Unies, près de 70 % de toutes les structures de Gaza ont été détruites ou endommagées. Médecins Sans Frontières (MSF) continue d’appeler à une augmentation massive et immédiate de l’assistance humanitaire. 

« Les services de santé, comme le reste de l’assistance humanitaire, et la reconstruction de la ville sont nécessaires pour que la vie puisse reprendre à Rafah », explique Pascale Coissard, coordonnatrice d’urgence de MSF. « Cependant, il est encore trop dangereux pour les gens de retourner dans la plupart des zones. Alors que nous allions visiter l’ancienne clinique MSF de Shabboura à Rafah, nous avons vu un enfant jouer avec un obus dans le quartier de Mawasi. Même si nous n’entendons plus les bombes, les dangers persistent. » 

Des gens cherchent leurs biens dans les ruines de la ville de Rafah. Palestine, 2025. © MSF

Les gens tentent de reconstruire à partir des décombres. Rafah est détruite : les maisons, les magasins, les rues et les installations de santé sont en ruine, et les systèmes d’eau et d’électricité sont endommagés. La zone s’avère également dangereuse en raison de la présence de pièces d’artillerie non explosées disséminées dans les restes des bâtiments, dont le nettoyage prendra des années.  

En mai 2024, Rafah comptait la plus grande concentration de personnes déplacées palestiniennes dans la bande de Gaza, avec environ 1,5 million de personnes vivant dans des tentes et des abris de fortune. Dans ces conditions inhumaines, les gens étaient confrontés à des épidémies, à la malnutrition et à l’impact psychologique des multiples déplacements.  

Nos équipes à Rafah fournissaient des soins de santé primaires et un soutien à la santé mentale dans la clinique de Shabboura. Elles soutenaient également les soins pédiatriques et de maternité dans l’hôpital Émirati du ministère de la Santé. Elles ont toutefois été contraintes de mettre fin à leurs activités et d’évacuer la zone après les bombardements incessants et les ordres d’évacuation donnés par les forces israéliennes. La menace imminente d’une invasion terrestre par les forces israéliennes s’est matérialisée le 6 mai 2024. 

« Nous ne pouvions même pas reconnaître les rues où se trouvait l’hôpital Émirati. C’est triste de voir un hôpital qui soutient généralement la vie être totalement vide, aucun signe de vie, tout est détruit. » 

Nadia Abo Mallouh, coordonnatrice médicale de MSF 

Les opérations militaires menées par les forces israéliennes ont conduit à l’évacuation de Rafah, à la destruction massive de la ville et à la fermeture du point de passage vers l’Égypte. Cette situation a gravement entravé l’acheminement de l’assistance humanitaire dans l’ensemble de la bande de Gaza. Rafah était aussi le lieu de résidence de bien des collègues de MSF, qui ont dû fuir vers d’autres parties de la bande de Gaza.  

« Il est extrêmement difficile de revenir au même endroit qui était plein de vie », explique Nadia Abo Mallouh, coordonnatrice médicale de MSF, qui travaillait dans l’hôpital Émirati. « Nous ne pouvions même pas reconnaître les rues où se trouvait l’hôpital Émirati. C’est triste de voir un hôpital qui soutient généralement la vie être totalement vide, aucun signe de vie, tout est détruit. »  

En raison de la destruction des infrastructures, les soins de santé et les autres services de base font défaut. De nombreuses personnes tentent de retourner à Rafah, mais n’y parviennent pas, car leurs maisons ont été détruites et leurs quartiers sont parfois méconnaissables. Il faudra beaucoup de temps avant que les gens puissent revenir à Rafah en toute sécurité.  

Des Palestiniennes et Palestiniens retournent dans la ville de Rafah. Palestine, 2025. © MSF 

« Franchement, les vues [de Rafah] étaient horribles; tant de destruction… », décrit Hadi Abo-Eneen. Ce gardien de Médecins Sans Frontières (MSF) a été déplacé de la ville de Rafah en mai 2024, et il a visité la zone après le cessez-le-feu. « J’ai continué à marcher, espérant trouver quelque chose dans ma maison. Elle était complètement détruite. C’était un choc énorme, parce que ma maison, c’était toute ma vi. Les souvenirs de ma famille, de ma femme et de mes enfants sont là. Mes affaires, mes vêtements, ma vaisselle, mes souvenirs de mariage : tout. » 

Entre-temps, les gens continuent de survivre dans des tentes de fortune, surtout dans la zone côtière de Mawasi. Là, ils n’ont pas d’abris convenables, ni d’accès à la nourriture et à l’eau, ni d’accès, même limité, aux services de santé. Quant aux personnes du nord de la bande de Gaza, elles sont confrontées à des conditions similaires, après le récent et brutal siège militaire israélien qui a complètement détruit la ville.