L’hôpital émirati à Rafah, dans le sud de Gaza, après 15 mois de guerre. Palestine, 2025. © MSF
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Palestine : Gaza est devenu un « charnier » pour les Palestiniennes, les Palestiniens et les personnes qui les soutiennent

Depuis que les forces israéliennes ont repris et intensifié leur offensive militaire sur la bande de Gaza, la vie y est devenue impossible, alerte Médecins Sans Frontières (MSF). Les gens sont déplacés de force et l’assistance humanitaire est délibérément bloquée. Les attaques meurtrières témoignent d’un mépris flagrant pour la sécurité du personnel humanitaire et médical à Gaza. Nous appelons les autorités israéliennes à lever immédiatement le siège dévastateur de Gaza. Nous leur demandons également de protéger la vie des personnes civiles et du personnel humanitaire et médical, et de veiller à ce que toutes les parties assurent le rétablissement et le maintien du cessez-le-feu. 

« Gaza est devenue un charnier pour les Palestiniennes, les Palestiniens et les personnes qui leur portent assistance. Nous sommes témoins en temps réel de la destruction et du déplacement forcé de toutes les personnes à Gaza », déclare Amande Bazerolle, coordonnatrice d’urgence de MSF à Gaza. « Les gens de Gaza et ceux qui tentent de leur porter assistance n’ont nulle part où se réfugier. La réponse humanitaire se heurte à l’insécurité et à de graves pénuries d’approvisionnement, ce qui laisse peu, voire aucune option pour accéder aux soins. » 

« Ces terribles meurtres de travailleuses et de travailleurs humanitaires sont un nouvel exemple du mépris total des forces israéliennes pour la protection du personnel humanitaire et médical. Le silence et le soutien inconditionnel des plus proches alliés d’Israël encouragent ces actions. »

Claire Magone, directrice générale de MSF France 

Selon le ministère de la Santé, plus de 50 000 personnes ont été tuées depuis octobre 2023, dont près d’un tiers sont des enfants. Les autorités locales évaluent par ailleurs que plus de 1 500 personnes ont été tuées depuis la reprise des hostilités, le 18 mars dernier.  

Selon les Nations Unies, au moins 409 membres du personnel humanitaire ont été tués depuis octobre 2023. La plupart travaillaient pour l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA, en anglais), le principal fournisseur d’assistance humanitaire à Gaza. Depuis le début de la guerre, onze collègues de MSF ont été tués, certains en service, dont deux au cours des deux dernières semaines. 

La dernière attaque brutale des forces israéliennes contre des membres du personnel humanitaire, le 23 mars, s’est traduite par le meurtre d’un groupe de secouristes qui tentait de venir en aide à des personnes civiles coincées dans des bombardements. Les corps des 15 secouristes et leurs ambulances détruites ont été retrouvés, le 30 mars, dans une fosse commune à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Des preuves récemment rendues publiques ont montré que les secouristes et leurs véhicules étaient clairement identifiables, ce qui remet en question les déclarations initiales des autorités israéliennes. 

Un membre du personnel de MSF se tient devant l’hôpital Nasser, qui a été touché par une frappe israélienne le 23 mars. Palestine, 2025. © MSF

« Ces terribles meurtres de travailleuses et de travailleurs humanitaires sont un nouvel exemple du mépris total des forces israéliennes pour la protection du personnel humanitaire et médical. Le silence et le soutien inconditionnel des plus proches alliés d’Israël encouragent ces actions », a déclaré Claire Magone, directrice générale de MSF France. 

MSF considère que seules des enquêtes internationales et indépendantes pourront faire la lumière sur les circonstances et la responsabilité de ces attaques contre des membres du personnel humanitaire. 

Bien que déjà catastrophique depuis 18 mois, la situation sécuritaire à Gaza s’aggrave. Au cours des trois dernières semaines, MSF a été témoin de plusieurs incidents impliquant la mort de membres du personnel humanitaire et médical. La coordination des mouvements humanitaires avec les autorités israéliennes, connue sous le nom de Système de notification humanitaire, est un mécanisme imparfait qui est désormais plus aléatoire et qui n’offre pratiquement plus de garanties de protection. Des sites où la présence d’organisation humanitaire a été notifiée à Israël, comme des centres de santé, les bases, les bureaux et les maisons de MSF ont été touchés par des obus ou des balles. Des zones proches des établissements de santé ont été l’objet de frappes et de combats et ont reçu des ordres d’évacuation. 

« Il leur est impossible de mener à bien leur travail dans de telles circonstances. Il ne s’agit pas d’un échec [de l’assistance] humanitaire, mais d’un choix politique et d’une attaque délibérée contre une communauté, menée en toute impunité. »

Amande Bazerolle, coordonnatrice d’urgence de MSF à Gaza

Les structures médicales ne sont pas épargnées par les attaques et les ordres d’évacuation des forces israéliennes. Les équipes de MSF ont dû quitter de nombreuses installations. D’autres structures continuent de fonctionner, mais les équipes et les personnes ayant besoin de soins sont piégées à l’intérieur pendant des heures, incapables de sortir des bâtiments en toute sécurité.  

Le 7 avril, les équipes de MSF et les personnes à qui elles offraient des soins se sont retrouvées piégées dans l’hôpital de campagne de MSF à Deir Al-Balah, au centre de Gaza, à la suite de tirs de roquettes effectués par le Hamas à proximité de l’enceinte. En riposte, les forces israéliennes ont donné un ordre d’évacuation de la zone et ont également lancé des frappes près des enceintes des hôpitaux Al Aqsa et Nasser. Nous dénonçons fermement ces actions des parties belligérantes et les appelons à respecter et à protéger les établissements de santé, les personnes civiles et le personnel médical. 

Dans les cliniques mobiles, les équipes de MSF assurent une assistance médicale à travers des consultations générales, le traitement de maladies non transmissibles et l’application de pansements. Elles offrent également des activités de promotion de la santé. Palestine, 2025. © MSF
Dans le nord de Gaza, les équipes de MSF mettent en place des cliniques mobiles pour fournir une assistance médicale. Palestine, 2025. © MSF

Depuis le 18 mars, en raison des offensives militaires, MSF n’a pas pu retourner à l’hôpital indonésien du nord de Gaza, où nos équipes devaient commencer à offrir des soins pédiatriques. De plus, les cliniques mobiles de MSF dans le nord de Gaza ont été suspendues et, dans le sud, les équipes n’ont pas pu reprendre leurs activités à la clinique Al-Shaboura à Rafah. 

Le siège total de Gaza a épuisé les stocks de nourriture, de carburant et de fournitures médicales. MSF est notamment confrontée à des pénuries de médicaments pour le traitement de la douleur et des maladies chroniques, d’antibiotiques et de matériel chirurgical essentiel. L’absence de réapprovisionnement en carburant dans toute la bande de Gaza entraînera une suspension inévitable des activités. Les hôpitaux dépendent en effet des générateurs pour fonctionner, notamment pour assurer les interventions chirurgicales d’urgence et pour maintenir en vie les personnes dont l’état est critique. 

« Depuis plus d’un mois, les autorités israéliennes empêchent délibérément toute assistance d’entrer dans la bande de Gaza. Les membres du personnel humanitaire sont contraints de regarder les gens souffrir et mourir, tout en portant la responsabilité de devoir prêter assistance sans fournitures et en étant eux-mêmes confrontés au danger », explique Amande Bazerolle. « Il leur est impossible de mener à bien leur travail dans de telles circonstances. Il ne s’agit pas d’un échec [de l’assistance] humanitaire, mais d’un choix politique et d’une attaque délibérée contre une communauté, menée en toute impunité. » 

Les autorités israéliennes doivent mettre fin à ces sanctions collectives infligées aux Palestiniennes et aux Palestiniens à Gaza. 

Nous appelons les alliés d’Israël à mettre fin à leur complicité et à cesser de permettre la destruction de toutes ces vies.