Le complexe médical Al Shifa après 14 jours de siège par les forces israéliennes. Territoires palestiniens, 2024. © MSF.
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Crise à Gaza

Une crise humanitaire sans précédent se déroule depuis à Gaza.

Médecins Sans Frontières (MSF) est horrifiée par les événements qui se déroulent depuis le 7 octobre 2023. Ces événements ont entraîné à la fois le massacre brutal de personnes civiles perpétré par le Hamas en Israël, et des attaques massives sur Gaza menées par l’armée israélienne.

Une crise humanitaire sans précédent se déroule depuis à Gaza. Les équipes de MSF s’efforcent de soigner les gens blessés et d’approvisionner les hôpitaux débordés, alors que les frappes aériennes aveugles et l’état de siège menacent des millions d’hommes, de femmes et d’enfants. À Gaza, aucun endroit n’est sûr.

Que fait MSF? 

Nos équipes offrent un soutien chirurgical, le traitement des plaies, de la physiothérapie, des soins maternels et pédiatriques, des soins de santé primaires, des vaccinations et des services de santé mentale. Notre personnel assure également la distribution d’eau.  

Les importants défis liés à l’approvisionnement, aux sièges et aux ordres d’évacuation de plusieurs hôpitaux repoussent nos activités sur un territoire de plus en plus restreint. Ces contraintes limitent notre réponse. 

Services médicaux 

Entre octobre 2023 et le début de novembre 2024, MSF s’est efforcée, dans la mesure du possible, de fournir des soins de santé essentiels aux gens qui vivent à Gaza. Nos équipes ont notamment offert plus de : 

Autres activités humanitaires

Eau et assainissement 

En date de novembre 2024, nos équipes : 

  • ont distribué 816 000 litres d’eau par jour par dessalement dans plus de 64 points d’eau à Al-Mawasi, Khan Younis, Rafah et Deir El Balah. 

En partenariat avec l’organisation locale Agriculture Development Association, connue sous le nom de PARC, nous avons mis en œuvre des actions liées à l’eau et à l’assainissement dans les abris des camps à Deir El Balah et Khan Younis, dont : 

  • la construction de 324 latrines dans 19 abris;  
  • le don de trousses d’hygiène;  
  • la distribution d’unités de traitement de l’eau, fournissant 30 000 litres par jour;
  • le soutien à un camp accueillant 70 familles (400 personnes au total) de gens vivant avec un handicap, en mettant à leur disposition des latrines et des douches accessibles.   

Que demande MSF?

  • Un cessez-le-feu immédiat et durable pour éviter que davantage de gens ne soient blessés ou tués et pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire;  
  • la protection en tout temps des personnes civiles, des installations de santé et de son personnel; 
  • le rétablissement par toutes les parties concernées du volume et du flux d’aide humanitaire dont la population de Gaza a besoin pour survivre; 
  • l’évacuation médicale par les autorités israéliennes des Palestiniens et Palestiniennes nécessitant des soins spécialisés, ainsi que des membres du personnel médical qui les accompagnent. Israël doit aussi permettre à d’autres États de recevoir et de faciliter les traitements à l’extérieur de Gaza. Cela doit se faire tout en garantissant à tous les patients et patientes et à leurs équipes soignantes un retour sûr, volontaire et digne à Gaza.

Que constate MSF à Gaza?

Après plus d’un an de guerre à Gaza, les gens mènent une vie infernale et leurs besoins médicaux et humanitaires ne sont aucunement satisfaits.

Depuis le début du conflit, les équipes de MSF ont été témoins de l’aggravation de la situation humanitaire et médicale des personnes habitant à Gaza. Les maladies transmissibles, dont les affections cutanées, se propagent. Les bombardements laissent de plus en plus de gens avec des lésions traumatiques et des brûlures. Selon le ministère de la Santé, plus de 101 000 personnes ont été blessées. Les gens n’ont accès ni à l’eau, ni à la nourriture, ni à d’autres éléments de base, comme les services médicaux et sanitaires.

Les offensives en cours dans bien des localités de Gaza et les ordres d’évacuation répétés réduisent encore l’accès aux soins de santé.

En plus des nombreuses morts causées par les bombardements et les combats, on constate de multiples « meurtres silencieux ». Ils touchent les personnes qui ont succombé à des conditions tout à fait évitables ou dont les soins de santé ont été interrompus à cause du conflit. Il s’agit notamment de patientes et de patients sous dialyse ou bien atteints de maladies non transmissibles qui n’ont pas pu recevoir de soins, ou de femmes enceintes avec des complications qui n’ont pas pu accéder à un traitement.

Les besoins médicaux ont explosé depuis le début de la guerre.

Avec la destruction du système de santé et des infrastructures civiles, dont le logement et l’eau, et les difficultés rencontrées pour accéder aux besoins les plus élémentaires, comme la nourriture ou le savon, les besoins en santé se trouvent eux aussi piégés dans un cercle vicieux. Ainsi, les équipes de MSF soignent de nombreux nouveau-nés et d’enfants de moins d’un an à l’hôpital Nasser. Les enfants tombent malades et souffrent d’infections des voies respiratoires, en raison des conditions de vie désastreuses. Certains sont même victimes de malnutrition, car ils n’ont pas accès à l’eau potable et à une alimentation normale. Les nouveau-nés tombent alors malades et ont de la fièvre, ce qui les expose à des risques élevés. 

Nos équipes constatent une augmentation des besoins médicaux et la situation va encore s’aggraver à l’approche de l’hiver.

En dernier recours face à la destruction méthodique du système de santé par les forces israéliennes, MSF a dû ouvrir, en août, deux hôpitaux de campagne à Deir Al Balah, au centre de la bande de Gaza. Les services qui y sont offerts sont les consultations externes, les soins pédiatriques et les soins de traumatologie. Dans la clinique de Gaza, située dans la ville de Gaza, au centre nord de la bande de Gaza, le nombre de cas a plus que doublé entre le 30 septembre et le 6 octobre, puis entre le 14 et le 20 octobre, alors que les gens fuyaient les gouvernorats du nord, et en particulier Jabalia.

Depuis le début de la guerre, le personnel de MSF, les patients et les patientes ont dû évacuer 14 structures de santé différentes et ont subi des incidents violents .

Frappes aériennes endommageant des hôpitaux, tirs de chars sur des abris convenus, offensives terrestres dans des centres médicaux et tirs sur des convois, ces incidents montrent bien un mépris flagrant envers l’action humanitaire médicale et l’échec des mesures de déconfliction.

Le personnel médical et humanitaire a subi des offensives à plusieurs reprises.

Selon les Nations Unies, en date du 5 novembre 2024, plus de 1 000 membres du personnel de la santé ont été tués à Gaza depuis octobre 2023. Au moins 318 travailleuses et travailleurs humanitaires, dont la grande majorité recrutée localement, ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre, de même que huit collègues de MSF, dont deux en octobre 2024.

En Cisjordanie, les incursions violentes, imprévisibles et récurrentes, des forces israéliennes ont un impact énorme sur la fourniture de soins de santé.

L’incidence des attaques israéliennes sur les soins de santé prend des formes multiples. Ce peut être le blocage et la fouille des ambulances, la destruction des infrastructures et de l’approvisionnement en eau et en électricité – qui se répercute sur le fonctionnement des hôpitaux –, ou l’impossibilité pour les organisations médicales de travailler dans des environnements peu sûrs.

Le blocus israélien sur Gaza prive les hôpitaux de fournitures essentielles.

Tout au long de la guerre, MSF a vu des patients et des patientes mourir dans les étages des hôpitaux. Ces gens sont morts parce que les établissements n’étaient pas en mesure de faire face au nombre écrasant de gens ayant besoin de soins, ou ne disposaient pas des fournitures nécessaires pour prodiguer des soins. Les autorités israéliennes ont, à de multiples reprises, refusé ou retardé l’entrée d’articles comme les concentrateurs d’oxygène, indispensables pour l’anesthésie. Il en va de même pour le matériel chirurgical et les générateurs, sans lesquels il est pratiquement impossible de fournir des soins chirurgicaux, ce qui se traduit par de nouvelles pertes de vies.

L’entrée des fournitures dans et à l’intérieur de Gaza reste extrêmement difficile.

Les processus d’approvisionnement demeurent particulièrement complexes et longs, les équipes de MSF devant déclarer chaque article et, même dans ce cas, certains articles médicaux ont été rejetés à la frontière. Les activités de MSF ont été compromises à cause des restrictions imposées par les autorités israéliennes sur l’approvisionnement, de la longueur des procédures administratives et des décisions arbitraires sur le matériel qui peut entrer à Gaza. Les pillages de plus en plus fréquents à Gaza ont aussi un impact sur l’approvisionnement : plus de la moitié des camions transportant des articles non médicaux sont pillés. En raison de ces difficultés combinées, MSF a dû revoir à la baisse ses normes médicales pour les pansements, ce qui peut entraîner une cicatrisation imparfaite. Nos équipes ont été contraintes de pratiquer des interventions chirurgicales dans des conditions inférieures aux normes, sans matériel spécialisé, et leurs installations ne tournent pas à plein régime.

Comment MSF intervient-elle en Cisjordanie? 

Les activités de MSF en Cisjordanie ont été affectées par l’escalade de la violence et par les restrictions de mouvements qui ont limité l’accès des gens aux services essentiels, comme les soins de santé. L’impact sur la santé mentale des patients et patientes est particulièrement préoccupant. 

Nous avons réagi en élargissant notre rayon d’action pour rejoindre directement les communautés, en aidant les services d’urgence locaux et en soutenant les centres de soins de santé et les cliniques. MSF est notamment intervenue : 

  • à Hébron, en gérant 15 cliniques mobiles, en appuyant cinq centres de soins de santé primaires, en offrant une aide en matière de santé mentale, ainsi qu’en distribuant des articles de secours, des trousses d’hygiène et des colis alimentaires; 
  • à Naplouse, en fournissant une thérapie psychologique, de l’appui aux personnes ayant survécu à des violences sexuelles et sexistes, ainsi que de la formation en gestion des traumatismes à des médecins, des infirmières et infirmiers, des psychologues et des secouristes bénévoles; 
  • à Jénine et à Tulkarem, en offrant de la formation et des dons à des auxiliaires de santé bénévoles; en distribuant de l’eau, des couches et des médicaments de base aux gens privés de services; en animant des séances de santé mentale en groupe, ainsi qu’en soutenant des travailleuses et travailleurs gazaouis bloqués en Cisjordanie depuis octobre 2023. 

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Information générale

MSF face au conflit

Environ un quart de notre aide médicale humanitaire est destinée à des personnes prises dans des conflits armés. 

Les conflits armés détruisent des vies et des communautés. Pris pour cibles, harcelés, en proie aux épreuves et à la pauvreté, les gens sont contraints de fuir ou de vivre en état de siège et de faire face à des attaques aveugles. L’accès aux besoins fondamentaux, comme la nourriture et les soins, est fréquemment perturbé. 

Une aide médicale et humanitaire intégrale est essentielle, bien que les services de santé soient souvent rares dans de tels contextes. 

MSF fournit des soins médicaux uniquement en fonction des besoins. Nos équipes travaillent d’arrache-pied pour atteindre ceux et celles qui en ont le plus besoin. 

FAQ sur Gaza

Questions fréquemment posées sur notre travail à Gaza et notre engagement à l’impartialité et à la neutralité.

Pourquoi MSF s’exprime-t-elle sur le conflit à Gaza? 

Le témoignage est l’un des piliers de notre identité. Notre objectif est d’attirer l’attention sur les problèmes qui sont à l’origine des besoins et des urgences qui touchent les gens dans les endroits où nous fournissons une assistance médicale et humanitaire.  

Nous avons d’ailleurs une longue tradition de prise de parole et de plaidoyer. C’est le cas notamment lorsque des gouvernements ou d’autres acteurs mettent en œuvre des politiques qui menacent la santé et la sécurité des communautés ou de notre personnel, comme ce fut le cas dans les conflits en Syrie, au Yémen et en Afghanistan, par exemple.  

Le droit international humanitaire (DIH) et les règles de la guerre exigent des militaires qu’ils fassent la distinction entre les personnes civiles et les combattants. Le DIH exige aussi que les militaires interdisent les attaques qui causent des dommages disproportionnés aux personnes civiles et aux biens de caractère civil. La manière dont Israël mène cette guerre provoque des morts et des souffrances massives parmi la communauté civile palestinienne et à ce titre, le conflit ne respecte pas ces normes et ces lois.  

Les installations médicales et leurs environs ont été attaqués à plusieurs reprises ou ont fait l’objet d’ordres d’évacuation par les forces israéliennes. Cela a rendu l’accès aux soins de santé extrêmement dangereux pour les gens et a mis en danger la vie du personnel médical. C’est pourquoi nous avons le devoir de nous exprimer et d’exiger un cessez-le-feu immédiat. 

Pourquoi vos propos sont-ils si critiques à l’égard d’Israël? Pourquoi ne parlez-vous pas du Hamas? 

En tant qu’organisation humanitaire, nous pleurons toutes les vies civiles perdues, et la grande majorité des victimes de ce conflit sont des personnes civiles, dont de nombreuses personnes âgées, des femmes et des enfants. Cette violence contre les gens n’est jamais justifiée et toutes les personnes civiles méritent d’être protégées. 

Les propos de MSF s’appuient sur ce que les patients, les patientes et notre personnel nous disent voir sur le terrain à Gaza, où la campagne militaire et le siège israéliens ont eu des conséquences dévastatrices. Le système de santé s’est effondré et les hôpitaux sont à court de médicaments, de fournitures médicales et de carburant pour les générateurs. Les gens ont un accès limité à la nourriture, à l’eau, aux abris et à l’électricité. Et le nombre de morts ne cesse d’augmenter.

Pourquoi MSF appelle-t-elle à un cessez-le-feu? N’êtes-vous pas une organisation non partisane? 

Nous appelons à un cessez-le-feu durable parce que les attaques généralisées et indiscriminées contre les personnes civiles – et notamment les attaques contre les soins de santé – ont rendu impossible l’acheminement de l’aide humanitaire nécessaire à Gaza. 

MSF offre une assistance médicale humanitaire aux personnes en fonction de leurs besoins, sans distinction de race, de religion, de sexe ou d’appartenance politique. En tant qu’organisation médicale, nous nous efforçons de combler les lacunes les plus importantes en matière de soins de santé. 

Nous n’avons pas d’autre objectif que d’aller là où les besoins sont les plus grands, et de soigner les gens. C’est précisément ce que nous nous efforçons de faire actuellement à Gaza, de surcroît dans un contexte où il manque de médicaments, de matériel médical et de carburant pour les générateurs.

Comment MSF répond-elle aux critiques selon lesquelles elle serait anti-israélienne ou antisémite? 

MSF prend très au sérieux toute allégation d’antisémitisme. À tout moment, MSF emploie environ 68 000 personnes dans ses projets et ses bureaux. Toute forme de sectarisme ou de discrimination de la part du personnel de MSF est inacceptable. 

Nous ne pensons pas que la critique à l’endroit des politiques du gouvernement israélien relève ou soit équivalente à de l’antisémitisme. 

MSF s’exprime lorsque des gouvernements ou des acteurs mettent en œuvre des politiques qui nuisent à la santé et à la sécurité des gens ou de notre personnel. La manière dont Israël mène cette guerre provoque des morts et des souffrances massives parmi la communauté civile palestinienne. Elle met aussi notre personnel en danger. Cela ne respecte pas les normes et les lois de la guerre. 

Aucun État n’est à l’abri des critiques. 

En tant qu’organisation humanitaire, nous pleurons toutes les vies civiles perdues, et la grande majorité des victimes de ce conflit sont des personnes civiles, dont de nombreuses personnes âgées, des femmes et des enfants. Cette violence contre les gens n’est jamais justifiée et toutes les personnes civiles méritent d’être protégées. 

Quelles sont les relations de MSF avec le Hamas à Gaza? 

MSF travaille avec le ministère de la Santé à Gaza. C’est par son intermédiaire que nous coordonnons notre travail. Lorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité de nos équipes à Gaza, nous restons en contact avec le ministère de l’Intérieur de Gaza, tout comme nous restons en contact avec les autorités israéliennes. MSF travaille dans plus de 70 pays à travers le monde. Partout où il y a des conflits armés, nous restons en contact avec tous les différents acteurs pour assurer la sécurité de nos équipes et de nos activités.