Une membre de l’équipe de MSF soigne une personne ayant survécu à un naufrage. France, 2024 © Mohammad Ghannam/MSF
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Calais, France : MSF appelle les autorités à fournir un hébergement d’urgence aux personnes migrantes 

Pour éviter à des enfants, des femmes et des familles, de dormir à la rue en plein cœur de l’hiver, Médecins Sans Frontières (MSF) a implanté un dispositif d’hébergement d’urgence dans un bâtiment privé de la ville de Calais, dans le nord de la France. L’organisation rappelle aux autorités françaises que l’hébergement d’urgence relève de leur compétence. Il est de leur devoir de s’assurer que les dispositifs existants sont accessibles en continu et répondent aux besoins des personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile au moins jusqu’à la fin de l’hiver. 

Depuis le 2 décembre 2024, dans un contexte particulièrement hostile aux personnes migrantes, MSF a hébergé plus de 200 personnes à Calais. Parmi elles figurent une soixantaine de familles, plus de 80 enfants, des femmes enceintes, et plus de 70 mineures et mineurs non accompagnés. Autant de personnes extrêmement vulnérables qui auraient dormi à la rue si elles n’avaient pas été prises en charge par MSF, dans des conditions météorologiques très rudes. 

« Cette politique du non-accueil, qui laisse délibérément les personnes dormir à la rue, ne dissuade personne de venir sur le littoral pour tenter de traverser la Manche. Ces choix sont tout simplement inhumains et indignes. » 

Feyrouz Lajili, coordonnatrice de projet pour MSF à Calais 

Des dispositifs insuffisants et dysfonctionnels 

« Les personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile vivent en grande majorité dehors sous des tentes ou dans des locaux désaffectés, avec un accès difficile aux services d’hygiène de base et à la nourriture », souligne Feyrouz Lajili, coordonnatrice de projet pour MSF à Calais. « Pourtant, elles se voient très régulièrement refuser l’accès à un hébergement d’urgence par les autorités françaises compétentes. Beaucoup de personnes migrantes que nous avons prises en charge nous ont expliqué qu’elles avaient été refusées par les dispositifs d’hébergement d’urgence existants. La plupart sont refusées par la ligne d’assistance téléphonique 115 au motif qu’elles ont déjà bénéficié d’une nuit à l’abri, ce qui est le maximum toléré pour les personnes migrantes. Quant aux Centres d’accueil et d’examen des situations, ils sont souvent saturés et très difficiles d’accès. C’est complètement dysfonctionnel! »  

Par ailleurs, le Plan Grand Froid, dispositif qui vise à protéger les communautés les plus vulnérables en hiver, n’a pas été déclenché une seule fois par la préfecture du Pas-de-Calais en décembre, en dépit de températures déjà très basses. « Et depuis le début du mois de janvier, le Plan Grand Froid n’est déclenché que sporadiquement. Le résultat? Des centaines de personnes migrantes dorment dans la rue, sous la neige ou la pluie, et certaines n’ont même plus de tente pour s’abriter », dit Feyrouz Lajili. 

La plupart des personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile vivent à l’extérieur, sous des tentes ou dans des locaux désaffectés, avec un accès limité aux services d’hygiène de base et à de la nourriture. France, 2024 © Mohammad Ghannam/MSF

Les autorités françaises doivent faire face à leurs responsabilités 

Vie à la rue, expulsions régulières des lieux de vie informels, accès très limité à l’eau, à l’hygiène et aux soins de santé : à Calais et sur le littoral nord, les personnes migrantes survivent dans une précarité extrême. « Cette politique du non-accueil, qui laisse délibérément les personnes dormir à la rue, ne dissuade personne de venir sur le littoral pour tenter de traverser la Manche », explique Feyrouz Lajili. « Ces choix sont tout simplement inhumains et indignes. Les autorités françaises doivent prendre leurs responsabilités et fournir des solutions d’hébergement d’urgence adaptées et accessibles aux personnes migrantes. » 

L’hiver dernier, un dispositif similaire avait été mis en place par MSF à Calais, en coordination avec les mêmes organisations partenaires : Utopia 56, Refugee Women’s Centre et le Secours catholique. Entre le 22 janvier 2024 et le 31 mars 2024, 333 personnes avaient ainsi pu bénéficier d’une nuit de répit au chaud et à l’abri.