Un membre du personnel de MSF inspecte les panneaux solaires installés à l’hôpital général de Zurmi. Nigéria, 2025. © Isaac Buay/MSF
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Nigéria : l’énergie solaire améliore la qualité des soins dans les hôpitaux du nord du pays

MSF passe à l’énergie solaire pour assurer la stabilité de l’alimentation électrique lors des procédures médicales.

Afin d’améliorer les soins de santé dans le nord du Nigéria, Médecins Sans Frontières (MSF) introduit l’énergie solaire pour alimenter les hôpitaux qu’elle soutient. Jusqu’à présent, ces installations dépendaient de générateurs coûteux qui consommaient beaucoup de carburant. Grâce à cette transition vers l’énergie renouvelable, les communautés de la région bénéficient désormais d’un accès amélioré et plus durable à des équipements médicaux, des médicaments et des infrastructures essentielles. 

Quelques instants avant le changement de système d’alimentation, plusieurs membres du personnel de l’hôpital Zurmi retenaient leur souffle. L’inquiétude quant à l’impact qu’aurait ce changement sur les opérations médicales était palpable.  

« Nous avons des personnes sous oxygène », a dit un membre du personnel de MSF, rappelant aux ingénieurs ce qui était en jeu. 

Très rapidement, ces craintes se sont transformées en soulagement, car la transition s’est déroulée sans heurts et le courant est resté stable tout au long de la journée et les jours suivants.  

« Avant, c’était extrêmement difficile », explique Israel Mushore, le responsable de la gestion de l’énergie qui a travaillé sur le projet pendant cinq mois. « Lorsque les patients étaient amenés en chirurgie, il y avait toujours le risque d’une coupure d’électricité au cours de l’intervention. Aujourd’hui, grâce à l’énergie solaire, nous disposons d’une source d’énergie stable et fiable. »

« Je ne peux que souligner à quel point le passage aux panneaux solaires a amélioré notre capacité à répondre à la malnutrition et aux urgences pédiatriques, en nous permettant de mieux conserver les vaccins et d’élargir notre champ d’action. »

Abdullahi Mohamed Ali, directeur des opérations de MSF au Nigéria

Pendant des années, l’hôpital général de Zurmi a été coupé du réseau électrique national. Il devait alors compter sur des générateurs qui consommaient plus de 3 000 gallons de carburant par mois pour alimenter les structures médicales. Ce système entraînait des coupures de courant fréquentes et frustrantes. 

Cette année, 436 panneaux solaires ont été installés. Le système d’énergie solaire de 250 kilowatts a permis de faire fonctionner les appareils médicaux, de réfrigérer les médicaments et de réaliser des interventions chirurgicales d’urgence. Un système de batterie de secours assure également le bon fonctionnement de l’hôpital pendant la nuit et pendant les longues périodes de couverture nuageuse. Les personnes hospitalisées, notamment dans les services de maternité, de soins intensifs néonatals et de traitement du choléra, ont vu une amélioration de la qualité de leurs soins de santé. 

« Je ne peux que souligner à quel point le passage aux panneaux solaires a amélioré notre capacité à répondre à la malnutrition et aux urgences pédiatriques, en nous permettant de mieux conserver les vaccins et d’élargir notre champ d’action », explique Abdullahi Mohamed Ali, directeur des opérations de MSF au Nigéria.

Vue aérienne des panneaux solaires installés à l’hôpital général de Zurmi. Nigéria, 2025. © Isaac Buay/MSF

Par ailleurs, l’introduction de l’énergie renouvelable a renforcé la capacité de l’hôpital à fournir des soins de qualité sans interruption et de manière durable. Le changement de système d’alimentation électrique a réduit les besoins en approvisionnement, en transport et en stockage, et a diminué les coûts qui étaient liés aux générateurs à carburant. L’hôpital dispose donc désormais de plus de ressources pour fournir des soins médicaux essentiels.  

Enfin, parce que l’énergie solaire est une source d’énergie propre, elle a une empreinte environnementale moindre. Cela réduit donc l’empreinte carbone de MSF dans les communautés qu’elle soutient, qui sont de plus en plus touchées par les changements climatiques.

Les changements climatiques affectent la santé des communautés 

Les évènements liés au climat, tels que les sécheresses et les inondations, ont de graves répercussions. Elles perturbent la productivité agricole, limitent l’accès à la terre pour les personnes qui travaillent dans le milieu de l’élevage et l’agriculture, et entraînent une concurrence pour les ressources. Ces phénomènes augmentent la violence et les déplacements de personnes, et augmentent l’insécurité alimentaire et la malnutrition dans l’ensemble de la région. 

« De la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes aux violents conflits territoriaux résultant de la réduction des rendements agricoles due à la sécheresse, le lien entre climat et santé est frappant. »

Abdullahi Mohamed Ali, directeur des opérations de MSF au Nigéria

Les huit états du nord du Nigéria où MSF intervient, y compris l’État de Zamfara où se trouve l’hôpital de Zurmi, sont particulièrement touchés par les changements climatiques. Au fil des ans, nos équipes ont constaté une augmentation inquiétante du nombre d’enfants souffrant de malnutrition sévère et présentant des complications potentiellement mortelles. En 2024, plus de 300 000 enfants ont été pris en charge, une augmentation de 25 % par rapport à 2023, et plus de 75 000 d’entre eux ont dû être hospitalisés. Cette année, nous anticipons une augmentation du nombre de personnes souffrant de malnutrition. C’est pourquoi nous sommes en train d’augmenter le nombre de lits dans certains des hôpitaux que nous soutenons. 

Les équipes de MSF ont également observé comment des années de changements climatiques ont augmenté l’exposition des personnes au paludisme. Les températures plus élevées et les précipitations variables ont en effet permis aux moustiques de se reproduire plus rapidement et de prospérer dans de nouvelles zones. En 2023, selon les données les plus récentes de l’Organisation mondiale de la Santé, le Nigéria représentait 26 % des 263 millions de cas recensés dans le monde. En outre, on estime à 6,8 millions le nombre de cas supplémentaires entre 2018 et 2023. 

« Chaque jour, nous constatons à quel point les facteurs climatiques influencent la santé des communautés à travers le monde », explique Abdullahi Mohamed Ali. « De la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes aux violents conflits territoriaux résultant de la réduction des rendements agricoles due à la sécheresse, le lien entre climat et santé est frappant. » 

L’unité de contrôle gère la distribution et le stockage de l’énergie et assure une alimentation électrique constante à l’hôpital général de Zurmi. Nigéria, 2025. © Isaac Buay/MSF
Les équipes de MSF finalisent l’installation du projet d’énergie solaire qui assurera une alimentation électrique plus stable et performante à l’hôpital général de Zurmi. Nigeria, 2025. © Isaac Buay/MSF

Faire plus pour atténuer les changements climatiques 

La transition vers l’énergie solaire renouvelable, cohérente avec les engagements environnementaux de MSF, nous a également permis de mieux répondre aux besoins des personnes que nous soignons. En effet, l’approvisionnement et le transport de carburant pour les générateurs nécessitaient de grands investissements en temps et en argent, en particulier dans les régions éloignées. Depuis le passage à l’énergie solaire, nous pouvons consacrer davantage de ressources à d’autres dépenses nécessaires au fonctionnement de nos hôpitaux et pour assurer leur accessibilité. C’est d’ailleurs ce que les équipes de MSF constatent à la suite de l’installation de panneaux solaires dans d’autres hôpitaux dans l’État de Zamfara (à Talata Mafara et Gummi) et dans les États de Borno, Jigawa, Katsina, Bauchi, Kano et Sokoto.  

« Bien qu’il reste encore des mesures à prendre pour réduire l’impact global de MSF sur l’environnement, le passage à l’énergie solaire s’inscrit dans le cadre de nos efforts pour créer une solution durable qui sera profitable pour les patientes, les patients et les communautés », ajoute Abdullahi Mohamed Ali.