République démocratique du Congo : MSF lance un appel pour un accès humanitaire à Goma, afin de répondre aux besoins médicaux
Un afflux de personnes blessées arrive à l’hôpital de Kyeshero à Goma, en République démocratique du Congo (RDC). Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) présentes dans l’établissement fournissent des soins malgré les affrontements armés et l’insécurité qui ont frappé la ville ces derniers jours. Nos équipes ont été affectées par plusieurs incidents depuis le début de la semaine, dont certains ont limité notre capacité à fournir des soins médicaux. Nous nous préparons maintenant à envoyer de nouvelles équipes à Goma et avons besoin d’un accès humanitaire garanti de la part des parties impliquées.
Les combats entre le M23, l’armée congolaise et leurs alliés respectifs ont gagné le centre-ville de Goma en début de semaine, semant la panique et affectant les communautés. Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, est coupée du reste du monde depuis plusieurs jours, et les victimes des combats arrivent dans les installations médicales dès qu’elles le peuvent.
Les installations humanitaires et médicales n’ont pas été épargnées par les violences. « À l’hôpital de Kyeshero, une balle a transpercé le toit de la salle d’opération lors d’une intervention », explique Virginie Napolitano, coordonnatrice d’urgence chez MSF au Nord-Kivu, depuis Goma. « Une partie de nos réserves de matériel et de médicaments a été pillée, mettant en péril notre assistance médicale à l’intérieur et à l’extérieur de Goma. Les pillages armés ont aussi touché nos collègues à Goma. L’un d’entre eux a été blessé par balle à son domicile durant une attaque. D’autres organisations et structures médicales ont également essuyé des tirs. C’est totalement inacceptable. »
Malgré la situation, une équipe de MSF continue de prodiguer des soins à l’hôpital de Kyeshero, en soutien à l’hôpital de Ndosho, où le Comité international de la Croix-Rouge reçoit un afflux encore plus important de personnes blessées.
Depuis le 23 janvier, 142 victimes ont été soignées à Kyeshero. Pour la seule journée de mardi, MSF a accueilli 37 personnes blessées, pour la moitié civiles et dont la plupart étaient des femmes. La majorité des blessures a été causée par des éclats d’obus, tandis que d’autres l’a été par des balles.
Depuis le 24 janvier, la population doit aussi faire face à des coupures d’eau et d’électricité continues. Le ravitaillement pour les repas que MSF fournit aux patientes, aux patients et à leurs familles est compromis. En effet, l’insécurité alimentaire, les risques de pillage et la fermeture des routes nous empêchent de réapprovisionner les réserves de nourriture, qui ne durent que deux à trois jours.
L’aggravation de l’insécurité et l’intensité des combats ont contraint MSF à réduire temporairement le nombre d’équipes actives à Goma et dans les camps de personnes déplacées à la périphérie de la ville. Pendant ce temps, les besoins médicaux et humanitaires à Goma et dans les alentours ne feront qu’augmenter. Ces dernières semaines, des dizaines de milliers de personnes ont rejoint les 650 000 personnes qui vivaient déjà dans des camps autour de Goma depuis plus de deux ans. Les combats ont également atteint les zones autour des camps, faisant fuir les gens une fois de plus.
« L’impact de ces combats sur les populations est énorme », explique Stephan Goetghebuer, responsable des programmes de MSF dans le Nord-Kivu. « En plus des personnes blessées et des morts, nous recevons des rapports dévastateurs en provenance des camps de personnes déplacées internes où nos équipes ne peuvent plus se rendre. Dans le camp de Kanyaruchinya, le centre de santé que nous soutenons continue de fonctionner, mais des collègues vu deux enfants mourir cette semaine parce qu’ils n’ont pu être transférés dans un hôpital. »
MSF se prépare à renvoyer des équipes à Goma pour évaluer la réponse qui peut être apportée et la meilleure façon dont nous pourrions passer à l’échelle supérieure, à la suite des pillages de ces derniers jours. Nous aimerions reconstituer nos réserves et intensifier les soins d’urgence dès que possible. L’un des moyens pour acheminer de nouvelles équipes et du matériel à Goma serait de passer par la Grande Barrière, qui sépare la RDC du Rwanda. Cela nécessite néanmoins une facilitation et des garanties de la part des parties concernées.
Alors que la situation continue de se détériorer, nous exhortons les parties belligérantes à protéger davantage les personnes civiles. Nous les incitons également à respecter les règles les plus élémentaires du droit humanitaire international et à garantir l’accès humanitaire, afin que l’assistance médicale essentielle puisse être apportée aux communautés.
Les équipes de MSF sont toujours présentes dans d’autres zones touchées par le conflit dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.