Des infirmières prodiguent des soins à une enfant souffrant de malnutrition à l’hôpital de Kenema. Sierra Leone, 2024. © Alicia Gonzalez/MSF
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« J’aime les gens auprès de qui je travaille »

Aider à trouver l’espoir et la guérison dans les moments difficiles.

Angela Kamarah
Conseillère et éducatrice en santé MSF

« Mary*, une petite fille de trois ans, est arrivée à l’hôpital de Médecins Sans Frontières (MSF) avec de graves brûlures. Sa grand-mère, qui l’a amenée, raconte que Mary est tombée dans un seau d’eau chaude. Les brûlures couvrent ses bras, sa poitrine et une partie de sa tête. La première fois que je l’ai vue, elle pleurait de douleur pendant qu’on changeait ses pansements, son petit corps tendu par la peur.    

En tant que conseillère et éducatrice en santé, je sais que c’est à ce moment-là que mon travail commence. Mon rôle est de soutenir les gens dans les moments les plus difficiles qu’ils traversent. Je sais que Mary aura besoin de soins médicaux et psychologiques pour se rétablir. Je me concentre non seulement sur sa douleur physique, mais aussi sur sa peur et le traumatisme que cette expérience a causé. Je décide de lui présenter la thérapie par le jeu, une méthode que nous utilisons souvent pour aider les enfants à surmonter leurs difficultés et à guérir pendant leur séjour parmi nous. » 

Pourquoi j’aime mon travail 

« Au début, Mary avait peur de bouger. Elle avait trop peur d’utiliser les parties de son corps qui sont brûlées. Je me suis assise avec elle, je l’encourage et la guide doucement à travers de petits exercices. Tout d’abord, je l’aide à lever les mains et à étirer ses bras. Nous nous lançons une petite balle dans un sens et dans l’autre, ce qui lui donne peu à peu confiance en elle. Je fais venir d’autres enfants du service, en espérant que leurs rires et leurs activités l’attireront. J’enseigne à Mary des chansons simples et je la fais participer à des jeux de groupe. La joie qui se lit sur son visage lorsqu’elle commence à bouger sans crainte est extraordinaire. Sa grand-mère commence à participer elle aussi, en chantant et en jouant avec Mary, ce qui renforce le lien qui les unit. » 

« Je travaille fort pour établir un rapport avec [les gens auprès de qui j’interviens], puis ces personnes s’habituent à moi et nous évoluons ensemble. »   

Angela Kamarah, conseillère et éducatrice en santé à MSF 

« Ces moments me rappellent pourquoi j’aime mon travail. Je travaille avec MSF depuis cinq ans maintenant. J’ai commencé comme agente de sécurité, en 2019. Comme j’avais un diplôme en santé communautaire, au bout de six mois, je suis devenue agente de promotion de la santé et j’ai vite réalisé que je voulais en faire plus. Mon empathie pour les personnes que je rencontrais m’a poussée à devenir conseillère-éducatrice. Aujourd’hui, chaque jour est rempli de moments comme celui-ci, où je vois des personnes et leurs familles retrouver peu à peu l’espoir dans des situations qui semblent impossibles. J’aime vraiment les gens auprès de qui j’interviens. Je travaille fort pour établir un rapport avec ces personnes, puis elles s’habituent à moi et nous évoluons ensemble. » 

La patience et la compréhension 

« Kenema, dans la province de l’Est de la Sierra Leone, où je travaille, est un endroit où les taux de mortalité maternelle et infantile sont élevés. Mais nous avons pu avoir un réel impact ici, en réduisant la mortalité maternelle grâce à des initiatives de soins de santé, notamment les services de maternité et de pédiatrie que nous proposons. Notre hôpital pédiatrique, en particulier le centre de nutrition thérapeutique intensif, se concentre sur les enfants de moins de cinq ans, leur offrant à la fois un traitement médical et des programmes nutritionnels. Nous nous occupons des enfants dénutris, de ceux qui souffrent de pneumonie, de diarrhée et d’autres maladies.   

Mais il n’y a pas que l’aspect médical qui est important. Mon équipe et moi offrons aussi un soutien psychosocial quotidien. L’un des plus grands défis auxquels nous sommes confrontés est ce que l’on appelle la “non-observance”. Parce que certaines personnes ont des croyances traditionnelles sur la médecine et la santé, il arrive qu’elles ne veuillent pas suivre les conseils médicaux. Il faut beaucoup de patience et de compréhension pour les aider à saisir l’importance des traitements que nous proposons. »   

Trouver l’espoir et la guérison 

« Au fil des semaines, je vois Mary se transformer. La thérapie par le jeu renforce ses muscles et sa confiance en elle grandit à chaque jeu et activité. Après 11 semaines, elle est guérie et prête à rentrer chez elle. C’est un jour chargé d’émotion pour nous tous et toutes. Nous l’appelons notre petite héroïne et nous lui donnons un cartable et quelques fournitures scolaires pour l’aider lorsqu’elle retournera à l’école. Sa grand-mère nous appelle souvent pour nous dire que Mary va bien et que les camarades qu’elle s’est faits à l’hôpital lui manquent. » 

« Je sais que le soutien que nous apportons fait une vraie différence. »  

Angela Kamarah, conseillère et éducatrice en santé à MSF 

« Ce sont ces réussites qui me permettent d’avancer, même lorsque le travail est difficile et les journées longues. Après une journée difficile, je trouve mes propres moyens pour faire face. Je fais de l’exercice, je médite et j’écoute de la musique locale. Nous avons également lancé un petit projet au sein de l’hôpital, où les gens peuvent faire des dons de vêtements pour que nous puissions les offrir aux gens qui ne sont pas préparés à un long séjour. À la fin de la journée, je me sens privilégiée de participer à ce travail. Les sourires sur les visages des personnes que j’accompagne, le soulagement dans leurs yeux — voilà les moments qui me motivent. Tant de personnes au cœur brisé ont pu survivre grâce au travail effectué ici. Je sais que le soutien que nous apportons fait une réelle différence. Je suis fière de faire partie de MSF, de soutenir des personnes comme Mary et sa grand-mère, et de les aider à trouver l’espoir et la guérison. »    

* Le nom a été modifié pour protéger la vie privée.