Est du Tchad : premier bébé né en 2025 dans la clinique de MSF au camp d’Aboutenege
Témoignages d’une mère et d’une sage-femme dans le camp d’Aboutenege
« Je m’appelle Rachida Mahamat. Je suis Soudanaise, réfugiée dans l’est du Tchad. Depuis le début de ma grossesse, je suis allée aux consultations prénatales avec l’équipe de Médecins Sans Frontières (MSF) dans le camp d’Aboutengue.
Je me suis rendue cinq fois à la clinique et j’ai reçu des informations sur le déroulement de ma grossesse. Selon les recommandations de la sage-femme lors des consultations, on m’a également donné des céréales et de l’huile pour améliorer ma santé.
Lors de mon dernier rendez-vous, la sage-femme m’a dit que j’étais déjà enceinte de neuf mois et m’a conseillé de me rendre à la maternité si je ressentais la moindre douleur. Le 1er janvier en fin de journée, j’ai commencé à ressentir des douleurs abdominales.
Lorsque je suis arrivée à la maternité, une sage-femme m’a examinée et m’a dit que j’allais accoucher dans quelques heures. Bien que les contractions me fassent souffrir, j’ai bénéficié d’un soutien constant tout au long de cette période difficile.
Le 2 janvier vers une heure du matin, j’ai donné naissance à un petit garçon. Les sages-femmes m’ont dit que j’étais la première femme à accoucher dans la salle de maternité de MSF du camp, en 2025, et que mon bébé était le premier nouveau-né de l’année ici.
Je suis heureuse et je remercie l’équipe de MSF de s’être si bien occupée de moi et de mon bébé. »
« Donner de l’espoir, un bébé à la fois » – La voix d’une sage-femme dans un camp pour personnes réfugiées dans l’est du Tchad
« Je m’appelle Solange Ahidjo, j’ai 26 ans et je suis sage-femme. Je travaille au sein du service de maternité de MSF dans le camp d’Aboutengue, dans l’est du Tchad, depuis janvier 2024. Cela marque mon premier anniversaire avec MSF. Mon rôle est de soutenir les femmes à chaque étape de leur grossesse, de la période précédant l’accouchement jusqu’aux soins post-partum. Il s’agit notamment d’aider celles qui sont confrontées à des complications obstétricales ou gynécologiques potentielles et, surtout, d’être présente lors de l’accouchement.
Dans l’unité de maternité de ce camp, je travaille avec sept autres sages-femmes et sept aides-sages-femmes. Nous disposons de huit lits réservés aux femmes en période de post-partum, de six lits d’observation et de trois lits d’accouchement.
En moyenne, nous avons une trentaine de naissances par semaine, soit environ quatre à cinq bébés par jour, mais il y a des jours où nous assistons à sept ou huit accouchements. Je n’ai jamais vraiment compté, mais il y a toujours beaucoup de bébés qui naissent ici. Rien qu’en 2024, nous avons assisté près de 1 000 naissances.
En dehors de l’unité de maternité, une équipe de sages-femmes et leurs assistantes assurent, dans le cadre des soins ambulatoires, des consultations prénatales et postnatales aux femmes enceintes. Une petite équipe de sages-femmes gère en outre notre clinique mobile dans le camp. Nous soutenons également les survivantes de violences sexuelles en leur fournissant des soins médicaux essentiels et en leur offrant un soutien psychosocial en fonction de leurs besoins. »
Les femmes qui soutiennent les femmes, c’est de cette façon que je le ressens
« Les femmes qui viennent à la maternité nous font confiance et nous confient leurs inquiétudes quant à l’avenir. Environ 80 % d’entre elles sont des Soudanaises qui ont fui la guerre en 2023, et qui vivent depuis dans le camp. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour les rassurer et les soutenir de toutes les manières possibles.
En tant que femme ayant accouché, je comprends leur douleur, je sais ce qu’elles vivent.
Ce n’est pas toujours facile, mais je suis fière du travail que je fais. Chaque fois que j’assiste à une naissance, je ressens une profonde fierté. J’aime profondément ma profession et je veux continuer à la pratiquer tous les jours jusqu’à la fin de ma vie. »