Gaza : l’hiver expose les bébés à un plus grand risque de maladie et de décès
Depuis juillet, le service pédiatrique de Médecins Sans Frontières (MSF) à l’hôpital Nasser est plein, et plus de 25 % des enfants qui s’y trouvent souffrent du syndrome de détresse respiratoire.
La guerre qu’Israël mène actuellement contre Gaza a entraîné le déplacement forcé de plus de 1,9 million de personnes. Des familles entières doivent désormais survivre à l’hiver dans de fragiles tentes de fortune qui n’offrent qu’une faible protection contre le froid. Les enfants sont particulièrement exposés à divers risques sanitaires en raison des températures hivernales, et les familles n’ont toujours pas accès aux ressources essentielles, telles que l’eau, la nourriture et les hébergements chauffés.
Le 25 décembre 2024, trois bébés âgés de moins d’un mois ont été amenés à l’hôpital Nasser que soutient Médecins Sans Frontières (MSF) à Khan Younis, à Gaza, où leur décès a été constaté dès leur arrivée. Selon le ministère de la Santé, ces enfants sont morts à cause du froid. Ils vivaient dans des tentes à Al Mawasi, dans le sud de Gaza, où des milliers de personnes civiles palestiniennes déplacées par les forces israéliennes vivent dans des conditions surpeuplées et insalubres. Avec l’hiver qui s’installe sur les tentes usées, les conditions de vie dans la région sont devenues insupportables. Les familles vivent dans de fragiles tentes qui isolent à peine de la pluie hivernale. La plupart des familles n’ont pas les moyens de se chauffer. Le bois de chauffage, notamment, le gaz ou même les couvertures chaudes peuvent coûter jusqu’à 200 dollars, lorsqu’elles sont disponibles sur les marchés locaux de Gaza.
« L’hiver dernier, même si les personnes étaient déjà déplacées et que les conditions étaient difficiles, il y avait encore quelques bâtiments pour s’abriter. Aujourd’hui, après 14 mois de guerre et de destruction des infrastructures, la plupart des personnes habitant la bande de Gaza vivent dans des tentes qui isolent à peine du vent froid et de la pluie. Au cours des 12 dernières heures, la pluie n’a pas cessé », explique Pascale Coissard, coordonnatrice d’urgence de MSF.
Au service pédiatrique de l’hôpital Nasser de Khan Younis, que soutient MSF, l’impact de la catastrophe humanitaire sur la santé des enfants est évident. Dans l’unité de soins intensifs néonatals, les équipes de MSF soignent des enfants souffrant d’infections respiratoires, de déshydratation et des nouveau-nés prématurés souffrant de complications. Ces conditions peuvent mettre en danger la vie des nouveau-nés et des bébés prématurés. D’octobre 2024 à décembre 2024, l’unité de soins intensifs néonatals a enregistré 325 admissions.
« Les conditions exceptionnelles que nous avons traversées au cours des 14 derniers mois, ainsi que la baisse des températures qui détériore encore les conditions de vie dans les tentes usées, ont rendu ces enfants plus vulnérables à l’hypothermie », explique le Dr Mohammad Abu Tayyem, pédiatre de MSF à l’hôpital Nasser.
Les besoins en matière de soins de santé des enfants sont si importants que le service de pédiatrie, y compris l’unité de soins intensifs néonatals, fonctionne, depuis le mois de juillet, au-delà de sa capacité d’accueil. Le service compte environ 25 lits, tous occupés. Plus d’un quart des enfants du service sont admis pour un syndrome de détresse respiratoire. Cette affection, qui peut se manifester chez les bébés prématurés, les rend encore plus vulnérables aux conditions de vie désastreuses auxquelles beaucoup sont confrontés à Gaza.
« Avant même que leur vie ne commence hors de l’utérus, les bébés sont exposés à la maladie et à la mort », déclare Pascale Coissard. « Une fois nés, les bébés sont confrontés à des défis immédiats et extrêmes. Ils sont déplacés dans le froid de l’hiver, sans accès adéquat à la chaleur, à un abri ou à des soins de santé, alors qu’Israël continue de bombarder Gaza et de restreindre l’entrée des approvisionnements essentiels dans la bande. Par ailleurs, le pillage des camions d’aide à l’intérieur de l’enclave rend difficile l’acheminement du peu d’assistance autorisé par les autorités israéliennes vers ceux et celles qui en ont besoin. » Les activités de MSF en matière de soins pédiatriques, néonatals et obstétriques ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins médicaux importants à Gaza. Un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza est la seule solution pour alléger les souffrances des Palestiniennes et des Palestiniens et pour garantir l’accès aux soins de santé et à l’assistance humanitaire. MSF appelle les autorités israéliennes à garantir l’entrée rapide, sans entrave et en toute sécurité de l’assistance humanitaire à un niveau suffisant pour répondre aux besoins, y compris les approvisionnements pour l’hiver et les fournitures médicales. MSF demande à toutes les parties de garantir des routes sécurisées pour acheminer l’aide humanitaire à l’intérieur de la bande de Gaza.