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Soudan : MSF est indignée par les attaques répétées contre les hôpitaux d’El Fasher et par le blocus des médicaments et de la nourriture

L’hôpital saoudien d’El Fasher, au Nord-Darfour, voit ses fournitures s’épuiser à la suite de fréquentes attaques meurtrières contre les structures de santé et les personnes civiles. Pourtant, des camions contenant du matériel médical et des médicaments sont bloqués depuis plus de quatre semaines par les Forces de soutien rapide (RSF). Médecins Sans Frontières (MSF) exhorte toutes les parties au conflit à épargner les structures de santé et les personnes civiles et à faciliter de toute urgence l’acheminement de denrées alimentaires et de médicaments dans la région.

Le 29 juillet, une offensive contre l’hôpital saoudien d’El Fasher, soutenu par MSF, a fait trois morts parmi l’équipe soignante et blessé 25 personnes, dont certaines étaient déjà déplacées et s’abritaient dans une mosquée voisine également touchée. Le bombardement, qui a eu lieu alors que la ville était attaquée par les Forces de soutien rapide (RSF), marque la dixième offensive contre un hôpital d’El Fasher depuis le 10 mai. Au total, ces attaques ont causé au moins neuf morts et blessé 38 personnes.

« Nous ne savons pas si les hôpitaux sont intentionnellement visés », a déclaré Stéphane Doyon, responsable des opérations de MSF au Soudan. « Cependant, l’attaque de lundi montre que les parties belligérantes ne prennent aucune précaution pour les épargner ni pour protéger les personnes civiles, les patients et patientes, ainsi que l’équipe médicale. Depuis l’intensification des combats il y a près de 12 semaines, plus de 2 170 personnes blessées ont été soignées dans les hôpitaux soutenus par MSF à El Fasher, et plus de 300 personnes sont décédées des suites de leurs blessures.

« Les parties au conflit connaissent parfaitement l’emplacement de l’hôpital saoudien et elles savent aussi qu’il s’agit du dernier hôpital public de la ville capable de soigner les gens blessés. Il a été touché à quatre reprises. S’il est mis hors service comme l’a été l’hôpital Sud après cinq attaques au mois de juin, il n’y aura plus aucun endroit à El Fasher où les personnes blessées et les femmes ayant besoin d’une césarienne en urgence pourront se faire opérer. L’hôpital pédiatrique a également été rendu inutilisable en mai par une bombe tombée à proximité, qui a tué trois personnes, dont deux enfants qui se trouvaient dans l’unité de soins intensifs. Les enfants sont désormais soignés dans un petit dispensaire doté d’un équipement limité et, s’ils souffrent de blessures graves, ils sont pris en charge à l’hôpital saoudien. »

Stéphane Doyon, responsable des opérations de MSF au Soudan

À l’hôpital saoudien, de plus en plus de blessés affluent et les stocks s’épuisent, alors que les camions de ravitaillement de MSF sont retenus à Kabkabiya par les RSF depuis quatre semaines.  

« Nos camions ont quitté N’djamena au Tchad il y a plus de six semaines », explique Stéphane Doyon. « Ils devraient maintenant avoir atteint El Fasher, mais nous n’avons aucune idée de la date à laquelle ils seront autorisés à circuler. »

« À El Fasher, il nous reste seulement assez de trousses chirurgicales pour soigner 100 personnes. Si le nombre de victimes continue d’augmenter au même rythme que ces derniers jours, ces réserves seront bientôt épuisées. Nos camions contiennent aussi des aliments thérapeutiques et des médicaments pour les enfants du camp de Zamzam, où sévit une crise nutritionnelle catastrophique. Aujourd’hui, nous n’avons plus que quelques semaines de fournitures. De nombreux enfants sont déjà en danger de mort, et ces denrées sont essentielles à leur survie. Si le blocage de l’aide humanitaire n’est pas levé immédiatement, le bilan sera encore plus lourd qu’il ne l’est déjà. »

Stéphane Doyon, responsable des opérations de MSF au Soudan

MSF demande aux parties belligérantes de cesser leurs attaques contre les hôpitaux. L’organisme exhorte aussi les RSF à laisser passer ses camions à Kabkabiya, afin que le matériel et les médicaments essentiels puissent être acheminés à l’hôpital saoudien et aux structures de MSF dans le camp de Zamzam. Les parties belligérantes doivent également faciliter le passage de tous les convois humanitaires vers El Fasher et Zamzam pour qu’une aide minimale puisse atteindre les communautés civiles.