Deux membres de l’équipe de MSF évaluent l’état de santé et les symptômes d’une femme et de son enfant pour les orienter vers une consultation plus approfondie, qui se déroulera sous les tentes du poste de santé de Muepane. Mozambique, 2023. © Pierre-Yves Bernard/MSF
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10 choses à savoir sur les maladies tropicales négligées en 2025 

Bien que plus d’un milliard de personnes soient touchées par les maladies tropicales négligées (MTN), ces dernières continuent d’être négligées. La majorité des personnes touchées vivent dans certaines zones isolées de pays à faibles revenus. 

Ces maladies sont éprouvantes, défigurantes et stigmatisantes. Nombre d’entre elles sont atrocement douloureuses et souvent mortelles. Cependant, elles peuvent être traitées et évitées. La Journée mondiale des maladies tropicales négligées a pour objectif de mettre ces maladies en lumière. Elle rappelle aux gouvernements des pays touchés, aux entreprises pharmaceutiques, aux philanthropes et aux gouvernements des pays riches — qui ont le pouvoir d’apporter du soutien — qu’il reste encore beaucoup à faire. 

À l’occasion de la Journée mondiale des MTN, nous faisons le point sur les progrès accomplis en matière de prévention, de contrôle, d’élimination et d’éradication des MTN. Nous soulignons aussi les immenses défis qui restent à relever. Voici un tour d’horizon de la situation actuelle : cinq réalisations notables et cinq obstacles, parmi les plus importants, qui subsistent et qui continuent de bloquer les progrès dans la lutte contre les MTN. 

Cinq réalisations notables

1. Le noma, une maladie particulièrement mortelle pour les enfants, a été ajouté à la liste des MTN en 2023 

Le fait que les causes exactes du noma restent un mystère montre à quel point cette maladie est négligée. En 2023, elle a toutefois été ajoutée à la liste officielle des MTN de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et cette visibilité accrue pourrait jouer un rôle déterminant. 

En raison des recherches limitées, des difficultés à atteindre les personnes atteintes et du fait que beaucoup d’entre elles sont cachées en raison de la stigmatisation, on ne sait pas combien d’individus sont touchés par la maladie. Les estimations actuelles qui datent de plus de 25 ans indiquent que 140 000 nouveaux cas surviennent chaque année, tandis que 770 000 personnes vivent avec des conséquences durables.  

Le mot noma vient du grec « dévorer », car c’est ce qu’il fait à la peau. La maladie se développe d’abord dans la bouche où des ulcères apparaissent rapidement, avant de se gangréner, en rongeant les tissus du visage. Détectée à temps, la maladie se traite facilement avec des antibiotiques, mais, lorsque la gangrène s’installe, elle est fatale pour 90 % des enfants. Les personnes qui survivent à la maladie sont gravement défigurées. La destruction de l’intérieur de la bouche causée par la maladie entraîne souvent des handicaps physiques, comme des difficultés à parler et à manger en raison. La défiguration atteint un tel point, que les personnes sont stigmatisées, cachées, souvent par leur famille, et mise à l’écart de la société. 

Une équipe d’infirmières vérifie les informations concernant des personnes opérées lors de l’intervention de deux semaines qui s’est déroulée entre la fin d’octobre et le début de novembre 2023. Nigéria, 2023. © Alexandre Marcou/MSF

La campagne visant à ajouter le noma à la liste des MTN a été menée par le Nigéria et elle a entre autres été soutenue par Médecins Sans Frontières (MSF). Depuis plus de dix ans, nous avons soutenu le ministère de la Santé nigérian avec un hôpital pour le noma, à Sokoto. Nous y avons fournit des traitements, de la chirurgie reconstructive, un soutien en santé mentale et des services de proximité communautaires. Maintenant que cette maladie mortelle a été ajoutée à la liste des MTN, nous espérons que davantage d’investissements seront consacrés à la compréhension, à la prévention et au traitement de cette maladie. 

2. Le Fonds END a comblé le vide laissé par le Royaume-Uni, qui a brutalement réduit son soutien aux MTN en 2021 

Lorsque le Royaume-Uni a réduit son budget d’assistance à l’étranger, en 2021, il a mis fin, presque du jour au lendemain, au rôle crucial que le pays jouait dans l’achat de médicaments essentiels pour traiter, en Afrique de l’Est, la leishmaniose viscérale, également connue sous le nom de kala-azar. Historiquement, l’un des plus grands bailleurs de fonds en matière de maladies tropicales négligées, et de la leishmaniose viscérale en particulier, le retrait brutal du Royaume-Uni a laissé un trou béant dans la lutte contre ces maladies. 

Le parasite de la leishmaniose viscérale est transmis par des insectes, les phlébotomes. Il attaque et détruit progressivement les tissus essentiels à la fonction immunitaire et, en l’absence de traitement, il peut rapidement devenir mortel. Les symptômes initiaux, bénins, évoluent vers une fièvre prolongée, une hypertrophie de la rate, une anémie et une perte de poids importante. Le traitement consiste en une combinaison de deux médicaments injectés quotidiennement pendant 17 jours. Les coupes budgétaires du Royaume-Uni ont menacé l’accès à ce traitement. Cependant, grâce au plaidoyer intensif de Médecins Sans Frontières (MSF) et d’autres organisations, un nouveau bailleur de fonds, le Fonds END, a été trouvé. Néanmoins, l’accès à un diagnostic et à un traitement rapide reste un défi majeur pour de nombreuses personnes atteintes de leishmaniose viscérale à travers le monde, en particulier en Afrique de l’Est. Les récents changements politiques à l’échelle mondiale, ainsi que les nombreuses urgences concurrentes, menacent plus que jamais le financement. Un soutien durable à long terme demeure nécessaire pour garantir que nous progressons dans la prévention, la guérison et, à terme, l’élimination de la leishmaniose viscérale et d’autres MTN. 

Jaffar, un agent de promotion de la santé travaillant avec MSF, présente la leishmaniose cutanée à Syed, un patient qui en est atteint, à l’hôpital Shaheed Benazir de Quetta. Pakistan, 2024. © Gul Nayab/MSF

3. MSF rejoindra bientôt la lutte contre une autre MTN : la schistosomiase génitale féminine 

L’État de Jonglei, au Soudan du Sud, a la charge de schistosomiase la plus élevée documentée dans le pays. Dans la ville isolée d’Old Fangak, où MSF gère un hôpital, nous soupçonnons que de nombreuses filles et femmes souffrent d’une forme avancée de la maladie connue sous le nom de schistosomiase génitale féminine (SGF). Nous étudions actuellement les moyens de mieux identifier et traiter le fardeau de la maladie dans les contextes humanitaires, non seulement au Soudan du Sud, mais aussi dans d’autres projets de MSF dans des pays où la maladie est également présente. 

La schistosomiase est causée par un parasite qui réside dans les escargots des lacs et de rivières d’eau douce, de sorte que les gens sont infectés par contact avec l’eau infestée. Bien que la schistosomiase soit l’une des « cinq grandes » maladie qui reçoivent la majeure partie des fonds limités disponibles pour les MTN — les autres étant l’éléphantiasis, le trachome, la cécité des rivières et les vers intestinaux — les interventions qui existent pour la combattre sont en grande partie préventives. Cela signifie que les filles et les femmes qui souffrent déjà d’une maladie avancée à la suite d’infections graves et qui ont besoin d’un traitement sont oubliées. 

Les femmes atteintes de SGF ont une charge parasitaire élevée dans leur système reproductif et urinaire, ce qui provoque une inflammation débilitante et parfois même une progression vers des cancers mortels. Il s’agit d’une forme très négligée d’une maladie déjà négligée. Nous veillerons à faire en sorte que les femmes et les jeunes filles soient diagnostiquées avec précision, et qu’elles puissent recevoir le meilleur traitement possible. 

4. En 2024, Gavi a lancé un programme ambitieux pour améliorer l’accès essentiel au vaccin contre la rage après une morsure d’animal 

À l’exception de la dengue et du chikungunya, la rage est la seule maladie non transmissible évitable par la vaccination. Toutefois, dans bon nombre des 150 pays où elle représente encore une menace considérable pour la vie humaine, les réserves de vaccins sont extrêmement limitées et le coût de celui-ci est élevé. 

La rage est transmise aux humains par des morsures de mammifères infectés, le plus souvent des chiens. Si des soins médicaux sont prodigués rapidement après la morsure, la maladie peut être évitée. Toutefois, si la vaccination post-exposition n’est pas reçue à temps, la personne sera infectée par le virus. Lorsque les symptômes cliniques se développent, il est déjà trop tard : la maladie est mortelle à 100 %, car il n’existe pas de traitement. 

Dans les pays riches où l’accès aux vaccins est facile, les chiens sont systématiquement vaccinés pour garder la maladie sous contrôle. L’initiative lancée par Gavi, une organisation dont l’objectif est d’accroître l’utilisation équitable et durable des vaccins, n’inclut aucune vaccination pour les chiens. Toutefois, les pays peuvent inclure la rage dans la liste des vaccins qu’ils demandent à Gavi pour les humains qui ont été mordus. Cela signifie que les ministères de la Santé pourront enfin stocker le vaccin dans les cliniques et les hôpitaux et être en mesure de vacciner rapidement et gratuitement toute personne mordue par un chien. 

5. La maladie du sommeil a été éliminée dans de nombreux pays, la Guinée étant la dernière sur la liste 

Au cours des 25 dernières années, le nombre de personnes souffrant de la maladie du sommeil a diminué de 97 %. Cela a permis d’éliminer cette maladie de la liste des problèmes de santé publique en Guinée équatoriale, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Togo, en Ouganda, au Tchad, en 2024, et aujourd’hui, en Guinée. Cette réussite témoigne de ce qui est possible lorsqu’il existe une volonté politique, un financement et que les entreprises pharmaceutiques investissent dans les MTN et mettent au point des traitements plus sûrs et plus efficaces. En dépit de ces progrès, 1,5 million de personnes sont encore à risque. 

La maladie du sommeil est causée par des parasites transmis par les piqûres de la mouche tsé-tsé. Dans une forme de la maladie, elle peut passer, en l’espace de quelques semaines seulement, au stade aigu lorsque les parasites attaquent le cerveau et la moelle épinière. Cela entraîne des troubles du sommeil, des convulsions, de la confusion et finalement un coma. Sans traitement, la maladie est mortelle. 

Une mouche tsé-tsé. 2023. © Sara Olausson

Pendant de nombreuses décennies, le seul remède était un dérivé de l’arsenic qui tuait une personne sur 20. Dans les années 1970, un nouveau médicament a révolutionné les chances de survie. Dans les années 1990, le fabricant — Sanofi-Aventis — a manifesté son intention d’arrêter la production, ce qui aurait constitué un grand pas en arrière. Heureusement, sous la pression de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de MSF, Sanofi-Aventis a décidé d’accorder la priorité à la maladie du sommeil. Ils ont décidé de faire don du médicament et de développer, en collaboration avec DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative), de nouveaux traitements plus efficaces et mieux adaptés. Cette collaboration et ces investissements ont permis de faire progresser la médecine. Aujourd’hui, un traitement oral simple et sûr est disponible. 

Cinq obstacles importants

1. De nouveaux conflits mettent en péril une grande partie des progrès réalisés dans la lutte contre les MTN 

Lorsque la guerre éclate, les maladies tropicales négligées deviennent encore plus négligées. Les systèmes de santé déjà fragilisés s’effondrent, la surveillance est perturbée et même les maladies qui étaient autrefois contrôlées peuvent réapparaître avec force. La vigilance est donc primordiale. 

Aux Nord-Darfour, au Soudan, nous sommes en état d’alerte. Bien qu’aucun cas n’ait encore été confirmé dans le cadre de nos projets d’intervention d’urgence dans cette région, d’autres régions du pays sont des foyers connus de la leishmaniose viscérale. Grâce à notre longue expérience dans le pays, nous savons que les conditions de déplacement et de malnutrition sont propices à une épidémie explosive de leishmaniose viscérale. C’est pourquoi nous préparons nos équipes à répondre à cette éventualité. Lorsqu’un grand nombre de personnes n’ayant jamais été exposées à la maladie, donc pas immunisées, sont déplacées dans des zones où elle est endémique, elles courent un risque énorme. En outre, lorsque des personnes atteintes de la maladie doivent fuir et se retrouvent dans des zones où la maladie n’est pas présente, ils peuvent la transmettre aux personnes vulnérabilisées qui y vivent. C’est ce que nous craignons pour les personnes vivant au Darfour du Nord et dans de nombreuses autres régions du Soudan qui connaissent des déplacements massifs et la destruction des services de santé. 

Rejoice Albino, une infirmière travaillant avec MSF, examine Miada Ibrahim Ali à la clinique installée par MSF à l’extérieur du camp de personnes réfugiées de Wedweil, dans le nord du Bahr El Ghazal. Miada Ibrahim Ali, 20 ans, vient de Nyala. Elle est ici avec sa famille et il leur a fallu sept jours pour atteindre Wedweil. Soudan du Sud, 2023. © Oliver Barth/MSF

Les difficultés d’accès ont été l’une des caractéristiques du conflit au Soudan. Les camions d’approvisionnement contenant des médicaments essentiels ont été retenus pendant des mois, et, en prévision, nous prépositionnons des stocks. Le diagnostic de la leishmaniose viscérale est complexe. Ils nécessitent des outils pour diagnostiquer les cas tôt, et les tests rapides ne seront positifs que dans certains cas. Dans d’autres cas, il faut du personnel qualifié pour prélever des échantillons de tissus des organes internes. Les hôpitaux doivent aussi disposer de laboratoires opérationnels pour effectuer des tests sur des échantillons de sang et de tissus, ce qui n’est pas le cas au Nord-Darfour, où l’approvisionnement est insuffisant. En outre, les équipes de santé sont moins familiarisées avec cette maladie. Historiquement, la région n’a pas été une zone sensible, par rapport à d’autres régions du Soudan, comme l’État de Gedaref, où la majorité des cas sont habituellement recensés. 

C’est dans ce contexte que nous avons envoyé des tests rapides et des médicaments au Nord-Darfour. Nous y avons également formé les équipes afin qu’en cas d’épidémie, nous puissions apporter notre soutien au ministère de la Santé pour qu’il puisse réagir rapidement. 

2. D’importants déficits de financement persistent 

Les maladies tropicales négligées font l’objet d’énormes problèmes de financement. Les « cinq grandes maladies » obtiennent toutefois la majorité du peu disponible. Elles peuvent donc être traitées plus rapidement à travers des distributions générales de médicaments à un grand nombre de personnes, et sont par conséquent plus populaires auprès des donateurs et des donatrices. 

Pour les 20 autres MTN, les méthodes disponibles pour lutter contre les maladies peuvent être plus compliquées ou plus coûteuses, et le financement est beaucoup plus limité. L’OMS a estimé que, pour la seule période comprise entre 2023 et 2025, il manquait deux milliards de dollars pour lutter contre les MTN, et cela, sans compter le coût des médicaments. 

Les donateurs internationaux, comme la France, le Royaume-Uni, l’Union européenne et le BRICS* pourraient avoir un impact significatif. Toutefois, ils ont réduit leurs financements de manière inquiétante, plutôt que de l’augmenter, ou du moins, de maintenir leurs engagements en faveur de ces maladies souvent associées à des conditions de pauvreté. 

* Le BRICS regroupe le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Indonésie, l’Iran et les Émirats arabes unis. 

3. Les morsures de serpent restent les plus meurtrières de toutes les MTN, mais les traitements sont en pénurie, à des prix exorbitants, et de nombreux produits antivenimeux ne sont pas conformes aux normes 

La plupart des victimes de morsures de serpent n’ont toujours pas accès aux antivenins parce qu’elles vivent trop loin d’une installation de santé qui pourrait avoir l’antidote en stock. Par ailleurs, même si elles parvenaient à atteindre une clinique, elles ne pourraient pas se permettre le coût élevé du produit. 

Les antivenins sont des produits biologiques sur mesure destinés à être utilisés dans des régions spécifiques, et sont donc produits en petites quantités. Leur efficacité n’est souvent pas aussi élevée qu’elle devrait l’être, de sorte que les gens doivent acheter de nombreux flacons. La réglementation du marché est en outre très limitée. Il appartient à chaque pays où l’antivenin est utilisé d’évaluer l’efficacité du produit contre les venins des serpents locaux. Il est difficile de tester des médicaments de base lorsque le système de santé est faible. Dans la pratique, de nombreux pays ne peuvent donc pas procéder à l’évaluation des antivenins. 

Kassaye Sisay, chargée de clinique et responsable des activités médicales de MSF, examine un flacon d’antivenin. Éthiopie, 2023. © Amanuel Sileshi

La bonne nouvelle, c’est qu’en 2017, l’OMS a lancé une évaluation des produits existants — en demandant des échantillons à différents fabricants — et que les résultats sont divulgués en temps réel. Grâce à cet audit, nous espérons qu’il fera pression sur les producteurs pour qu’ils améliorent leurs produits. En outre, nous espérons qu’il déclenchera davantage de financements nationaux et internationaux pour acquérir plus de doses d’antivenins de qualité, et pour les distribuer gratuitement aux gens qui en ont besoin. 

4. Les tests de diagnostic sont essentiels, mais leur approvisionnement est insuffisant 

La surveillance continue des MTN est cruciale pour les garder sous contrôle, et pour cela, les diagnostics sont essentiels. De nombreux tests de diagnostic ne sont pas toujours précis, et des investissements demeurent nécessaires pour les améliorer. Bien que de nouveaux diagnostics soient en cours de développement, ils sont destinés à des marchés très spécialisés et il est donc difficile de persuader les grandes entreprises d’investir dans ce domaine. Les tests de diagnostic des MTN bénéficient d’un soutien financier beaucoup moins important. De nombreux médicaments contre les MTN sont produits par de grandes sociétés pharmaceutiques, comme GSK, qui peuvent souhaiter faire don des médicaments en échange d’une bonne réputation. Les entreprises qui produisent des tests de diagnostic sont beaucoup plus petites, en comparaison, et ce n’est pas une option pour elles. Il n’existe pas de mécanisme d’accès mondial aux tests de diagnostic pour les MTN, de sorte que les pays doivent acheter individuellement leurs propres tests. 

Il est essentiel que les diagnostics soient également rapprochés des communautés. La capacité de diagnostiquer efficacement ces maladies à un stade précoce et de commencer un traitement rapide est essentielle pour le bien-être des gens et pour prévenir la propagation de la maladie. Pour cela, il faut des tests rapides, fiables, abordables et faciles à utiliser sur le lieu de soins. 

5. La réduction du financement de la recherche sur les MTN met en péril des percées médicales majeures 

Après une relative stabilité, le financement de la recherche et du développement sur les MTN a considérablement diminué ces dernières années. Si cette tendance à la baisse se poursuit, les dernières étapes des grandes percées médicales seront menacées. La recherche exige énormément de temps et de ressources : de nombreuses innovations précoces ne sont jamais « à la hauteur » en termes d’efficacité et de sécurité, et doivent donc être abandonnées. Les essais en phase finale sont coûteux, et s’ils ne sont pas financés, les nouvelles molécules destinées à traiter les MTN n’auront aucune chance d’être mises sur le marché et de sauver des vies. 

La leishmaniose viscérale, la dengue et la maladie de Chagas, par exemple, disposent de nouvelles molécules prêtes pour les essais cliniques, et un vaccin contre la schistosomiase en est également aux premiers stades de développement. Les morsures de serpent sont une autre MTN pour laquelle des essais cliniques pourraient bientôt commencer. En 2019, le Wellcome Trust a investi dans un projet de recherche et développement de sept ans sur les morsures de serpent, mais ce financement devrait prendre fin en 2026. Certes, un antidote universel serait le souhait de la plupart des équipes de recherche! Toutefois, bien que de nouveaux produits prometteurs soient en cours de développement, le financement doit être priorisé et maintenu à long terme, et l’avenir de tous ces progrès est maintenant en suspens.